La vie du quartier autrefois.
Il faut être septuagénaire, pour se souvenir de cet artiste qui avait des doigts de fée, et que tout le village connaissait. Sa vie débuta par un engagement dans la marine, dont il savait si bien nous raconter ses anecdotes, qui me donnaient souvent des frissons. J’étais un jeune gamin à l’époque. A la fin de son engagement, il fit sa carrière dans les chemins de fer, comme chauffeur, le chauffeur était celui qui bourrait de charbon le ventre de la locomotive à vapeur, et de cette période là il savait aussi nous raconter tout ces exploits. Pour occuper la retraite, il avait un petit atelier, et le jeudi qui était jour de repos pour l’école ma passion était de passer des heures en sa compagnie. Il s’avait tout faire, réparer les pendules, il y en avait toujours quatre ou cinq posées sur un socle au tour du poteau central de son atelier c’était ces grosses pendules avec des gros poids pendus a une corde qu’il fallait remonter avec une clé et le balancier en cuivre qui donnait le mouvement, c’est lui qui ma appris comment fonctionnait le mouvement d’une pendule ainsi que les gros réveils d’autrefois. Sur son établi une quinzaine de serrures éventrées dans l’attente d’une réparation ou d’une clé à refaire, il avait la patience a l’aide de petites limes de refaire une clé et ajuster une sûreté. Contre du mur du fond de son atelier, là trois ou quatre machine à coudre, dans l’attente d’un réglage, parce qu’elle coupait le fil ou sautait des points, la singer n’avait pas de secret pour lui. Pour la bonne raison, il avait installé dans une pièce a coté un atelier de confection avec trois machines a coudre, qui occupaient son épouse et ses trois filles, le lundi on le voyait souvent avec le baluchon de confection sur le dos aller prendre le train vers Toulouse pour rendre le travail fini et en ramener d’autre à faire pour la semaine. Il affutait les ciseaux et couteaux et tous les outils de jardinage que les gens du village lui apportaient, même des villages voisins. Il avait une petite forge dont je me régalais de tourner la manivelle pour en activer les ardeurs du charbon, et bien sûr une petite enclume sur laquelle il martelait le fer rougi. Avec des feuilles de tôles galvanisées il refaisait un fond de lessiveuse, ‘’qu’es à qu’ô ‘’ pour la nouvelle génération (récipient métallique au milieu duquel se trouve un tube pour la circulation de l’eau, utilisée autrefois pour laver le linge en le faisant bouillir) l’ancêtre de la machine à laver d’aujourd’hui. Mais aussi les fonds de marmites qui s’usaient sur les trépieds dans les cheminées, reboucher un trou à un seau, une casserole, ou lui refaire un manche qui avait brûlé, tous les récipients de cette époque étaient en métal, le plastique n’avait pas fait son apparition. Quant arrivait la saison du gras, c’était le vas et viens des boites de conserve en fer-blanc, les gens apportaient les boites, il ajustait minutieusement le couvercle qu’il numérotait, les clients les reprenaient pour les remplir, de pâté, jarret, foie gras et tout ce qui était pour être mis en conserve posaient le couvercle dessus et les lui ramenaient. Et à l’aide des petits fers à souder rougis à la forge, avec une barre d’étain il soudait tout le pourtour de la boite à conserve. Ce travail-là fut détrôné plus tard par l’arrivée des bocaux en verre. Il savait aussi réparer un vélo, dévoiler une roue, changer un câble de frein, même je me souviens la fabrication de plaque pour les vélos (obligatoire à cette époque) dans un morceau de zinc avec du vernis il écrivait le nom et l’adresse du propriétaire du vélo le badigeonnait avec un acide, puis une fois rincé, l’écriture apparaissait en relief dans le zinc, il ne restait plus qu’a la fixer à la potence du guidon pour être en règle avec la maréchaussée. Mais il avait d’autres cordes à son arc après les occupations dans l’atelier, comme à toutes les maisons du quartier il y avait une petite basse-cour, poules, canards, un cochon, des lapins qui avaient chacun un nom. Et aussi une autre passion le jardin potager, c’était le plus beau jardin du quartier, toutes les allées et les plates-bandes étaient tirées au cordeau, pas un seul brin d’herbe ne dépassait, et tous les carrés bien garnis de légumes de saison, carottes, poireaux, patates, tomates, aubergines, poivrons, salades, etc.…Sans oublier les quatre, rayons de vigne sur le plateau du village qui lui permettait de se couler quelques litres de vin pour la consommation familiale. Toutes les maisons du quartier avaient leur carré de vigne à cette époque et c’était une entraide au moment de la récolte du raisin. Mais il avait aussi ses jours de détente, la chasse tant qu’il a pu courir le gibier, et la pêche à la ligne au canal toujours à la même place et pas content quant quelqu’un la lui piquait, il était aussi un fin pécheur, pour le gardon le goujon et l’ablette. Cela fut, la vie de Louis.
Nous avions beaucoup de chance de passer notre enfance dans ce quartier pour être formé à l’école de la vie, il y avait comme premier voisin, Louis, Pierre ébéniste spécialisé dans la fabrication de chaises, François menuisier ébéniste, Pierre cordonnier, Jeanne à l’épicerie, Eugénie la couturière tous ces beaux métiers d’artisans qui animaient dans cette rue et la vie du quartier. H.L.

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  1. Merci Hubert pour ce joli récit malgré la guerre. J’ai été aussi étonné que toi de me retrouver avec toi…

  2. Magnifique souvenirs dans ce village !!!