Etude faite par Raymond Dumons.
Maire adjoint honoraire de Dieupentale.
Illustration faite par l’administrateur et le modérateur du site.

I.Préambule .
II.L’apparition des premiers hommes.
III.Aperçu historique avant la création de Dieupentale.
IV.Sous la domination Carthaginoise.
V.Sous la domination Romaine.
VI.Les invasions barbares.
VII.Sous l’emprise des Sarrasins.
VIII.Dieupentale et son Histoire
IX.Analyse des lieux
X.La bataille de Dieupentale
XI.L’Eglise de Dieupentale
XII.La Maison de Laparre de Saint-Sernin
XIII.Considérations et Motivations
XIV.En guise de Conclusion
XV.Sources de renseignements Bibliographiques

I. Préambule

Document de base : Edition de 1982 , relu, corrigé et enrichi d’informations complémentaires , ma principale préoccupation étant de respecter une certaine chronologie historique dans le temps . Je sais que bon nombre de nos concitoyens sont avides d’histoire , qu’ils aimeraient connaître les origines de Dieupentale et savoir comment notre terroir a évolué depuis les premières manifestation de la vie humaine jusqu’à nos jours; Déterrer les racines du passé n’est pas chose facile, les sources d’information nécessaires sont à la fois nombreuses et dispersées. L’histoire locale ne peut être évoquée uniquement à l’intérieur des zones Administratives , Politiques où Géographiques , elle déborde largement de ces limites et est le plus souvent intimement liée à la région et au Pays. C’est pourquoi les sources d’informations qui ont permis de faire ce document traitent souvent d’événements dont les effets et les conséquences touchent d’autres contrées et lieux voisins plus où moins éloignés. Le lecteur peut ainsi se faire une idée de la place et de la position du lieu concerné face à l’origine, à l’histoire et aux évènements . La longue chaîne de l’histoire est faite de tronçons que l’on ne raccorde souvent qu’à tâtons, en ayant pleinement conscience des nombreux maillons qui manquent à l’appel, perdus au fil des temps. Il m’est agréable de faire part à mes concitoyens de ce que j’ai tenté de retrouver dans l’histoire de Dieupentale. Je fais appel à leur indulgence pour tout ce qui reste à découvrir, qu’il s’agisse des lacunes que d’autres combleront peut-être plus tard ou des hypothèses qui réclament confirmation. Mon seul désir est de faire en sorte qu’à travers quelques pages d’histoire , chacun s’attache à mieux connaître le passé historique de notre commune mais aussi comment la vie des humains s’est établie dans notre contrée ( plus particulièrement en ce lieu ) et que le plus grand nombre de nos concitoyens aspire à en savoir davantage.

II . L’Apparition des premiers hommes
(Paléolithique inférieur)

Carte des couloirs alluviaux du sud-ouest aquitain

Du massif central Auvergnat aux rives de la Méditerranée, l’apparition des premiers êtres humains a eu lieu à l’extrême ouest de l’Eurasie (en France) il y a un million d’années environ avec l’Homo-érectus (Homme debout) que l’on dit encore Archanthrope ( homme des commencements) apparu en Afrique de l’Est il y a 1 millon 700000 ans d’où il est parti à la conquête du monde. Descendant de l’Australopithèque (singe du sud), leur morphologie se caractérise par des arcades sourcilières très marquées et un front très bas , doté d’une capacité crânienne de 900 à 1.300 cm 3 (1450 che-1’homme actuel ), de taille réduite à comparer avec les sujets de nos jours. Organisés en petit groupes nomades, vivant en campement de plain air où en grottes , équipés d’outils confectionnés de pierres éclatées où d’ossements appropriés leur nourriture se composait exclusivement de produits de chasse où de cueillette.

C’est à cette époque lointaine de l’Acheuléen des terrasses du Tarn, sur la moyenne terrasse (Mendel) , au lieu dit Lapeyrière , dans les communes de Bessens et de Dieupentale qu’ont été trouvé le plus important gisement de pierres taillées dans un triangle situé entre Montauban , Gaillac et Toulouse et qui peuvent être datées avec exactitude du RISS moyen (82%) alors que (70%) étaient mises à jour à Campsas , (50%) à Fronton et seulement (5%) à Vacquiers .Ces pièces fabriquées dans des galets locaux et dans un quartz provenant de gisements transportés par les eaux de la Garonne sont des hachereaux, unifaces et bifaces. A partir de moins 400.000 ou moins 500.000 ans , l’homo-erectus devient plus moderne, il évolue lentement et progressivement, il se rapproche de l’homme de Neanderthal qui n’apparaît que vers moins 100.000 ans à cette époque le feu est maîtrisé et le façonnement des outils est plus élaboré , le langage articulé se précise et accompagne les signes et les gestes, le volume de la boite crânienne atteint 1.600 cm 3 A partir de moins 95.000 ans l’Homo-sapiens-sapiens(l’homme d’aujourd’hui) naît lentement. De moins 10.000 à moins 7.000 ans avant J.C nous entrons dans le Mésolithique, époque qui voit la disparition des derniers chasseurs ne vivant exclusivement que de chasse , la prise en commun des repas cuits symbolise la rupture du monde sauvage et du monde civilisé , le rythme des occupations journalières se précise ainsi que les divisions du travail et du temps , le foyer occupe réellement une place centrale de l’habitat, les outils sont réellement façonnés pour l’usage auquel ils sont destinés.
A moins 6.000 ans , nous entrons dans le Néolithique avec l’agriculture , l’élevage et les poteries à décors imprimés. Avec le Chalcolithique de moins 4.000 à moins 2.500 ans avant J.C.,on assiste à une réelle organisation de la société avec la hiérarchisation des pouvoirs, l’élévation de fortifications, les échanges à distance ainsi que les tombes mégalithiques, les menhirs , les dolmens ainsi que les premières métallurgie du cuivre. Nous entrons de plain pied dans l’âge du bronze vers 1.800 avant J.C et assistons à l’apparition des tumulus ce qui nous permet de dire que Dieupentale n’avait peut être pas l’identité que nous lui connaissons mais était déjà une entité qui avait son tumulus qui servait soit de sépultures, soit de magasin à vivres. Le Tumulus deLamotte est le témoin historique de la vie active sur notre territoire et de la présence sédentaire à cette époque. C’est vers 800 ans avant J.C que nous entrons dans l’âge de Fer avec l’apparition de la métallurgie du fer mais aussi aux premières migrations Celtiques.

III. Aperçu historique avant la création de DIEUPENTALE

Avant les invasions romaines, les différentes parties de notre région étaient habitées par: les Cadurci ou Cadourque peuplade d’origine Celtique dépendant de la confédération Arverne qui donnèrent plus tard leur nom au Quercy:
les Tascons, localisés dans le Bas-Quercy , Cos était leur capitale.
les Ruthéni qui donnèrent leur nom au Rouergue.
les Nitiobriges qui donnèrent leur nom à l’Agenois.
les Volces-Tectosages qui étendaient leur territoire sur toute la Haute.
Garonne débordant sur le conté de Foix, le département de l’Aude et le département du Tarn. C’était là dans notre région, la plus grande entité Celtique qui étendait son influence jusqu’à la circonscription de Castelsarrasin, la Garonne servait de frontière , de limite plus exactement entre les peuples Celtiques et les peuplades Ibériennes tels que Auscii qui vivaient sur la région qui forme l’arrondissement d’Auch, les Eulusates qui vivaient sur la contré d’Eauze et les Lectorates qui eurent pour capitale Lectoure, Condom étant occupé par les Nitiobriges. Les Romains appelaient les Celtes, les Galates ou Gaulois, ils les qualifiaient d’intelligents, braves , téméraires, généreux, hospitaliers mais aussi de querelleurs et hâbleurs . Le mode de vie des Gaulois était basé sur la culture, l’élevage et la chasse ; ils cultivaient le blé, travaillaient les métaux, tissaient et savaient teindre les étoffes; Leur tenue vestimentaire se composait :
de pantalon, les Braies, que portaient les peuplades d’Europe septentrionale.
de blouse flottant par dessus la ceinture, la Caracalla , leCaraco boutonné au devant à l’aide de petites chevilles de bois, des Cabillots ancêtre du bouton et que portent encore de vielles paysannes .
de manteau court en laine, la Saie.
de chaussure à semelle de bois épais, la Gallacae, la Gauloise ,ancêtre de la Galoche du Grec Kalopous (pied de bois).

IV. Sous la domination Carthaginoise

Carthage, actuellement Tunis , ville fondée en 814 avant J.C. par les Phéniciens , devint en peu de temps une république puissante à vocation maritime . Elle créa des colonies en Sicile, en Espagne et soutint contre Rome , sa rivale , de longues luttes appelées  » Guerres-Puniques  » de 264 à 148 avant J.C. Lorsqu’ Annibal (célèbre Général Carthaginois ) marcha sur Rome en 217 av J.C., venant d’Espagne il trouva le chemin libre à travers le pays Celtique des Tectosages ; il gagna l’Italie par les Alpes , battit les Romains à Trasimène la même année et à Cannes en 216 av J.C. Par la suite, lors de la troisième Guerre-Punique 149-146 av J.C. Rome détruisit Carthage ; Annibal, réfugié en Bithynie s’empoisonna pour échapper aux romains . Cette page d’histoire est très importante pour l’avenir de notre pays, les succès de Rome sur Annibal et Carthage ont incité les Romains , en pourchassant les Carthaginois , à étendre leur domination sur les territoires envahis par Annibal.

V. Sous la domination Romaine

Un siècle plus tard, les Tectosages durent se soumettre devant les légions Romaines de Domitius Oernobardus. C’est ainsi qu’au début du 11° siècle av J.C. les Romains ont envahi notre territoire, cette conquête, qui ne visait qu’à occuper la région dite Narbonnaise, recouvrait en fait le Roussillon, le comté de Foix, le Languedoc, vraisemblablement le Lyonnais, la province de Dombes, la Savoie, le Dauphiné, le Comtat Venaissin , la Provence et le Comté de Nice. Dans notre région, cette première conquête Romaine s’est limitée à la rive droite de la Garonne sans doute jusqu’au confluent du Tarn, elle a longé les coteaux de Lafrançaise et partant de là, a remonté les rives de l’Aveyron . Les Romains étaient capables de poursuivre vers l’océan mais leurs objectifs étaient alors la conquête des rives de la Méditerranée et la suprématie du commerce sur les mêmes rives. Quoiqu’il en soit c’est à cette époque que le territoire où est situé aujourd’hui Dieupentale a été occupé par les Romains. Plus tard , en 56 av J.C. notre région devint partie intégrante de l’empire Romain sous le Proconsulat de Jules César . La Narbonnaise servit de tremplin pour la conquête de la Gaule ; c’est ainsi que l’Aquitaine , la Lugdunaise ( pays d’Astérix ) , la Belgique, la Germanie inférieure et supérieure , la Rhétie et la Norique ont subi à leur tour l’occupation Romaine .Ces possessions furent conservées par Jules César puis transmises à l’empereur Auguste qui les conserva lui aussi jusqu’à sa mort. Les conquêtes Romaines se poursuivirent jusqu’à l’an 117 de notre ère . De l’an 284 à l’an 305, l’empire Romain auquel nous appartenions , fut divisé en Préfectures et Diocèses au temps des Dioclétiens . La Gaule , l’Angleterre et l’Espagne , sous le nom de « Préfecture des gaules  » devinrent une même entité Militaire judiciaire et monétaire. En 365 , l’empire fut divisé en deux entre Arcadius (Orient) Honorius (occident). Honorius eut la préfecture des Gaules et la préfecture d’Italie tandis que Arcadius devint le maître des préfectures d’illirie et d’Orient.

VI. Les Invasions Barbares

Les romains qui s’estimaient être le premier peuple du monde appelaient Barbares tous les peuples restés en dehors de leur civilisation, l’histoire a conservé cette appellation pour désigner les bandes armées qui, du III° au IV° siècle de notre ère envahirent l’empire Romain, renversèrent les Empereurs d’ Occident et fondèrent sur les ruines de leur Empire des Etats plus ou moins durables. Ces peuplades guerrières appartenaient pour la plus part aux races Germaniques ( Francs , Burgondes , Alamans, Saxons , etc…) et Slaves ou Gothiques ( Soeves, Vandales, Ostrogotes , Wisigothes ) on dit aussi Visigoths ; d’autre comme les Avars , les Magyars ou Hongrois étaient de race Ouralo-altaïque. Ce furent les Huns qui donnèrent l’impulsion au monde dit Barbare en faisant irruption en Europe Orientale. C’est seulement au III° siècle que le Christianisme apparut dans nos contrées qui faisaient alors partie de la Narbonnaise première. En 405 , les Vandales y firent irruption à leur tour et après eux les Visigoths originaires d’Europe centrale qui envahirent la Gaule en 412 sous la conduite d’Ataulf . En 418, Honorius céda à leur roi Wallia , l’Aquitaine avec Toulouse pour capitale. En 459 , les Visigoths devaient libérer notre région de la domination Romaine et lui imposer le nom de Septimanie. L’apogée des Visigoths se situe vers 466 – 484 sous la domination du Roi Euric qui se déclara ouvertement indépendant de l’empire Romain. Le royaume gothique devait bientôt tomber au pouvoir des Francs et fut détruit par Clovis à la bataille de Vouille en507.

VII. Sous l’emprise des Sarrasins

Une nouvelle vague de domination déferla sur notre région : les Sarrasins y firent l’apparition et de nos jours subsistent encore des traces de leur passage dans certaines localités au nom tout à fait révélateur  » Castelsarrasin (sous-préfecture du Tam et Garonne),Castelmoron -sur-Lot (Chef-lieu de Canton du Lot et Garonne), Castelmaurou (dans la Haute-Garonne) et tout prés de nous le petit hameau des Mauroux , rive droite de la Garonne commune de Verdun s/Gne ainsi que d’autres au nom caractéristique témoignant du passage de ces envahisseurs conquérants . Au moyen âge , les occidentaux ont donné le nom de Sarrasins aux musulmans . A cette même époque , les Romains donnèrent le nom de Maures aux conquérants Arabes du Maghreb et de l’Espagne qui envahirent notre territoire . En 732 , Charles Martel arrête leur avance à Poitiers et Pépin le bref,après les avoir chassé de notre contrée , devint le maître de toute la Septimanie . En 817, une nouvelle division inclut notre territoire dans l’Aquitaine ; Frédelon ,souche des comte de Toulouse , administra sagement le territoire et au IX° siècle, son neuvième descendant Guillaume IV, possédait une notable partie des territoires environnants.

VIII.Dieupentale et son Histoire

Au congrès archéologique de France de 1865, Monsieur le Chanoine Pottier , cita parmi les églises offrant un caractère ancien  » Dieupentale  » qui a une curieuse abside avec un double rang d’ arcatures à l’intérieur.
Si l’ on écoutait, dit-il, une tradition populaire, ce serait là les restes d’un temple élevé au Dieu Pan, Dieu des bergers, des campagnes et des troupeaux.
On raconte dans la mythologie, qu’une Nymphe d’ Arcadie, nommée Syrinx, qui était aimée du Dieu Pan, se précipita dans le fleuve Ludon pour échapper à ses poursuites; Pan , au lieu de saisir le corps de Syrinx, n’étreignit que des roseaux d’où ne sortit qu’un plaintif murmure; Pan se saisit de ces roseaux et en fit un instrument qui était destiné à imiter la plainte de ceux-ci. C’est là l’origine de la flûte de Pan ou Syrinx.
L’abbé Laporte, curé de Dieupentale au début de notre siècle, affirmait à cette époque que la fontaine qui se trouvait prés du lavoir était connue autrefois sous le nom de Fontaine de la Nymphe et se prêtait fort à cette croyance Païenne .
En fait, rien ne nous permet d’étayer d’une manière objective une telle hypothèse, il nous apparaît même qu’il faille plutôt voir dans l’étymologie de Dieupentale, une origine Wisigothique indiquant une dépression de terrain à l’orée de la plaine . Le dictionnaire Larousse des communes fournit, à cet égard, des éléments particulièrement suggestifs.
Comme nous l’avons vu précédemment, la Gaule fut envahie en 412 par les Visigoths et notre région devint la Septimanie en 459 avec Toulouse pour Capitale .
La conquête Wisigothe a laissé des traces sur tout son chemin ; en effet, on trouve à plusieurs centaines de Kilomètres les unes des autres des localités dont les noms présentent des affinités étonnantes .
En 984 , on trouve Diespia , (Dieppe département de la Meuse ) une comparaison Gauloise nous donne une idée d’obscurité , probablement nom d’un ruisseau, ruisseau de Vaux, le second élément parait-être Apa signifiant eau.
En 1024, on trouve Dieppa, (Dieppe chef lieu d’arrondissement de seine maritime) du saxon Déop (Allemand Tief) signifiant profond qui avec le Germanique Tal a donné Dieppedalle, petit hameau de Seine-Maritime.
En 1060 , on trouve également Dieffenthal qui tire son origine de deux termes Germaniques : Tief (profond ) et Thaï (vallée ).
En ce qui concerne Dieupentale, le dictionnaire des paroisses du Diocèse de Montauban fait état d’appellation antérieures, sans préciser l’origine: Deumpantala (961), à consonance latine, donc romaine : Dyopentala (1268) de nature franchement gothique .
A travers ces deux dénominations, se trouve à nouveau posé une question qui demeure encore de nos jours sans réponse définitive : « culte du Dieu Pan  » ou « vallée profonde « .
Nous pensons, quant à nous, que Dieupentale, en raison de sa position géographique, évoque indiscutablement une notion de vallée et de profondeur ou étendue ; la vallée de la Garonne répond parfaitement à une telle définition.

Quoi qu’il en soit, c’est en 961 que l’appellation apparaît pour la première fois dans un document officiellement connu de nos jours.
A cette date , Raymond II, comte de Rouergue, ajoute un codicille à son testament, laissant à l’abbaye de Saint Audard ( St -Théodard) à Montauban, pour le remède de son âme, pour son père, sa mère et ses fidèles  » le tiers de l’alleu (alleu, au Moyen Âge, terre libre et affranchie de la tutelle seigneuriale) des Vertus, le quart de l’église de St-Cirice et l’alleu de Dieupentale « .
En l’absence d’éléments d’information plus anciens , c’est donc à cette date, en 961, que nous ferons arbitrairement commencer l’histoire de Dieupentale.
En 961, nous sommes sous le règne de Lothaire, avant dernier Carolingien auquel succède Louis V en 986 .
En 987, les Capétiens viennent au pouvoir par Hugues Capet .
En 996 , Robert II le Pieux lui succède, c’est sous son règne en 1015, que le Vicomte Forton Guillaume fit donation à Hugues, abbé du Mas-Grenier, de l’alleu d’Aumanas confrontant d’un coté au chemin partant de l’église de Saint Martin de Dieupentras , que les historiens du Languedoc traduisirent par Dieupentale.

Au mois de Novembre 1151, sous Louis VII le jeune , Guillaume de Bruguières donnait le tiers de la dîme de l’église de Dieupentale ,  » à Dieu , à la bienheureuse Marie, à l’honoré Saint Jean de l’hôpital de Jérusalem  » à Escafre , percepteur de Fronton.
Les dépendances de la maison de Fronton s’augmentèrent encore avant la fin du XII ème siècle dans le voisinage de Dieupentale par la donation que lui firent en 1181 , d’une part de son territoire de Grisolles , W .de Castelnau, Od-Elie de Calvados et Jourdain de Caraman . ( Philippe II Auguste était au pouvoir depuis 1180.

En 1233 nous sommes sous le règne de Louis IX (Saint Louis), c’est le 6 avril de cette même année que nous trouvons Gérault de Dieupentale ( canton de Grisolles ) parmi les seigneurs qui transigèrent avec l’évêque de Lectoure au sujet des juridictions de leurs seigneuries .
Le Lieu de Dieupentale appartenait primitivement à des seigneurs qui portaient le nom , connus depuis le XII° siècle notamment par de nombreuses donations qu’ils firent aux Abbayes de Grand-Selves et du Mas-Grenier .
Au mois d’août 1238 Raimond de Dieupentale, transige avec les religieux de Grand-Selve touchant les lieux de Manenguila (Merenville).
Mais en 1271, le Château seul appartenait à un descendant de cette famille, Aribert de Dieupentale, qui l’avait monnayé le premier Décembre 1249 à Alphonse comte de Poitiers.
Nous trouvons dans la saume de Lisle Aribert de Dieupentale en 1240 et Ramon aux années 1279-1288 sous Philippe III le hardi.

Sous le règne des Rois de France : Philippe III le hardi 1270, Philippe IV le Bel 1285, Louis X le hutin 1314, Jean 1er 1315 et Philippe V le Long 1316, Dieupentale était divisé en deux villages distincts ayant chacun ses consuls et son église:
l’une appelée « La motte de Dieupentale » desservie par l’église de Saint-Martin .
l’autre appelée « Le Château de Dieupentale » desservie par l’église Saint-Pierre dédiée à Sainte-Diane dans laquelle l’Abbaye de Mas-Grenier fut confirmée par une sentence arbitrale rendue le 3 Juillet 1355 entre l’Archevêque de Toulouse et l’Abbé du Mas-Grenier
Encore de nos jours , dans l’esprit de quelques-uns , il existe un certain particularisme qui marque la différence de lieu sans pour autant nuire à la bonne entente générale.

En 1317, Guiraud-Genidonis, Sénéchal de Toulouse, sur ordre du Roi Philippe le Long, fit donation de La motte de Dieupentale ainsi que plusieurs autres lieux situés dans la contrée, à Pierre le Galând, Grand maître des Arbalétriers de France, pour acte du 6 Septembre de la même année confirmé par le Prieur au mois de décembre de l’année suivante en 1318.La maison de Galând ne conserva pas longtemps les seigneuries provenant de la donation de 1317, elles furent confisquées par le Roi Jean II le Bon sur Jean de Galând pour ennemis qu’il s’était rendu par obéissance à son adversaire le Roi d’Angleterre et en fit don le 17 mars 1356 à Jean Lemenargue dit Bourcicaut depuis, Maréchal de France qui revendit l’année suivante la plus grande part de ses seigneuries et notamment Dieupentale à Bertrand Seigneur de Terride.
Il faut dire que la guerre de cent ans commencée fin 1337 et qui devait durer jusqu’en 1453, était particulièrement ressentie dans nos contrées car la petite noblesse qui souffrait de l’amoindrissement des droits féodaux, aigrie contre la haute noblesse qui se groupait autour du puissant seigneur d’Armagnac avaient réclamé d’Edouard III Roi d’Angleterre, un appui effectif et le Roi d’Angleterre avait envoyé en aquitaine son propre fils, le Prince de Galle, le fameux Prince Noir, celui-ci se montra habile, stratège, actif et rapide en ses décisions; il ne fallut qu’un petit nombre d’armes pour soumettre la contrée et piller les localités réfractaires.
La Motte était dans le domaine du Roi de France et Le Château de Dieupentale sous la domination du Prince Noir.
Ainsi donc, à Dieupentale, comme dans toute la contrée, la place était brûlante et difficile à conserver, on ne pouvait être dévoué au Roi de France et allié au Prince Noir, ses méthodes étaient trop expéditives. On comprend très bien que le cadeau fait à Jean III Bourcicaut était un cadeau empoisonné, il ne pouvait pas être maréchal de France et allié du Prince Noir, d’où sa décision de s’en débarrasser d’une manière élégante et quelque peu lucrative.
Dés ce moment il y eut au moins deux Seigneurs de Dieupentale, l’un substitué aux droits du Roi, l’autre continuateur de la famille de Dieupentale, cette dernière était représentée au XIV ème siècle par Jean de Dieupentale qui avec Bertrand, seigneur de Terride donna aux habitants de Dieupentale un terrain pour y bâtir un fort.
Aribert, Jean et Jacques de Dieupentale sont portés sur les comptes du Trésorier des guerres de 1339 à 1341 nous sommes ici sous Philippe VI de Valois.
Le sceau Gascon du moyen-âge est attaché à une quittance de Jean de Dieupentale qui reconnaît avoir reçu de Jean de Condé, lieutenant du trésorier des guerres pour cause d’un don à lui fait par le noble et puissant Agout des Baux, chevalier Sénéchal de Toulouse, pour les bons et agréables services qu’il a fait au Roi, somme de 200 livres à Castelsarrasin le 23 Février 1342.
Les Valois avaient pris la destinée de la France par Philippe VI de Valois en 1328 et les événements relatés ci-dessus ont eu lieu sous les règnes de Jean II le bon en l’an 1350, Charles V le sage en l’an 1364 et Charles VI en l’an 1380.
La branche aîné de Dieupentale parait-être éteinte dans la maison de Terride.
Odet de Terride était en 1450, Seigneur de Dieupentale, il avait épousé Catherine d’Audibert dame de Claux. Sa fille et son héritière, Marie de Terride Dame de Claux et de Dieupentale, épousa Odet de Terride Vicomte de  » Gîmois  » ( Gimont ).
Un cadet de Dieupentale a fait souche dans la seigneurie de Margastaud, sa descendance s’est illustrée par des services militaires et a eu la gloire de donner à l’église ,la fondatrice de la congrégation des Feuillantines à Toulouse.
A la fin du XVème siècle, la seigneurie est beaucoup plus divisée car nous voyons:
Antoine de Peligry dit seigneur de Dieupentale et Corbarieu en 1491 sous Charles VII, dernier Valois direct.
Jean de Villemont, écuyer forestier de la forêt de Montech, seigneur de Dieupentale, du chef sans doute de Cécile d’Arpajon , sa femme qui était veuve en 1499 sous Louis XII seul Valois d’Orléans ayant régné de 1498 à 1515.
Noble Raymond d’Arpajou , seigneur de Canals qui fit hommage des dits lieux en 1501 à Odet de Lomagne, vicomte de Gïmois, baron de Terride, seigneur haut et paternel des dits lieux de Canals et Dieupentale.
Noble Dame Armande de Corrèges co-seigneuresse de Dieupentale qui consentit avec Raymond d’Arpajon en 1512 à un acte par lequel Gaston de Lomagne héritier de Odet de Lomagne accorda des choppers (Armes rudimentaires, primitivement taillées dans la pierre au temps du paléolithique inférieur) au consuls du dit lieu.
Noble Johen de Gotz, qui prit possession en 1504 de sa part dans la seigneurie comme acquéreur d’une partie de ses droits du seigneur de Canals malgré les oppositions de Marie de Terride, seigneuresse principale.
Nous trouvons également Imbert d’Isam, co-seigneur de Canals et de Dieupentale qu’il dénombra en 1523 devant les Capitouls de Toulouse.
Jacques Dessus, marchand Capitoul de Toulouse , co-seigneur de Dieupentale en 1542 et 1550.
François premier qui était monté sur le trône de France en 1515 avait cédé celui-ci à son fils Henri II en 1547, à sa mort. Il ne paraît pas que ces seigneurs de Dieupentale aient eu des droits définitifs sur la terre de Dieupentale car on ne voit plus après eux , dans ce lieu, des seigneurs qui aient porté son nom.
Pierre de Dieupentale ainsi que Jacques de Lomagne, successeurs de la maison de Terride étaient seuls seigneurs de Dieupentale au commencement du XII ème siècle.

Sous Louis XIII en 1630 , N.M. Izalguier était seigneur de Dieupentale par suite du mariage de son aïeul, Barthélémy d’Izalguier avec Jeanne de Dieupentale.
Joseph d’Izalguier, son fils, démontra le 7 Juin 1751, sa jouissance de la seigneurie qu’il revendit peu de temps après, à cette époque, sous Louis XV.
Melchior-Balthazard, serrurier, procureur prés du tribunal de la maîtrise des eaux et forêt (transférée en 1777sous LouisXVI de Villemur à Toulouse ), en fit le dénombrement et conserva ses droits jusqu’à la révolution .
L’autre moitié de la seigneurie appartenait à la famille de Bouloc par suite des acquisitions qui en furent faites sous Louis XIII en 1621 par Pierre de Bouloc.
On trouve dans cette branche, Françoise de Dieupentale, épouse de N. de Conabiel, sous Louis XIV en 1654, fille de Marguerite de Lomagne laquelle était la fille de Jean-Jacques de Lomagne nommé plus haut.
Le 8 Octobre 1663 on trouve Françoise de Dieupentale dans la branche des Bouloc .
Pierre Dominique de Bouloc, le descendant, fit son hommage au Roi Louis XVI le 16 Mai 1788 pour la seigneurie de Dieupentale.
La population de Dieupentale était de 1040 habitants en 1789 dont 390 de Villelongue et 650 en rivière Verdune.
Il est curieux de constater qu’à la fin du XVII° siècle (avant la révolution), la population dépendante de la paroisse de l’église Saint-Pierre de Dieupentale étaient dénombrés suivant une classification topographique qui distinguait les personnes dont les activités étaient liées:
soit, à l’activité qui se déployait aux abords de la Rivière-Verdune.
soit à l’activité Agricole qui s’exerçait dans la plaine fertile de la Garonne d’une part,et d’autre part:
une population vivant sur le contrefort de la rive droite du fleuve, à l’abri des caprices de celui-ci et dont les occupations étaient liées au trafic routier.

Le trafic commercial entre la Méditerranée et l’océan était si intense que tout au long de son parcours le fleuve était une source de revenu que les autorités Religieuses , Seigneuriales ou Administratives exploitaient parfois abusivement. Parallèlement à ce trafic s’est développé une activité de roulier sur la voie terrestre longeant le fleuve ce qui a fait naître une multitude de points d’arrêt dont la densité a permis d’identifier celle agglomération que l’on appelait Villelongue.
Déjà dans plusieurs actes et dans la charte de 847, les autorités religieuses ont donné le nom de Villelongue à la juridiction diocésaine soumise à un Archidiacre et en 1236 les autorités ecclésiastiques du diocèse de Toulouse redéfinirent avec précision les limites et le contenu de l’archidiaconé de Villelongue.
Villelongue aurait été le siège d’un important établissement religieux qui aurait complètement disparu au XII° siècle.
En observant, sur une carte, la configuration de la Judicature de Villelongue ( juridiction administrative ) qui se superpose en 1260 à l’Archidiaconé, force est de reconnaître une bande de 150 Km environ parfois de 9 Km de large seulement.

IX.Analyse des lieux

Dieupentale a été de tous temps un lieu incontournable de franchissement de la Garonne pour l’aspect du lit peu profond en période d’étiage normal et, de ce fait a été le point de ralliement de tout le commerce qui se développait sur la rive gauche de la Garonne avec les contrées et pays voisins.
Verdun sur Garonne était un port fluvial d’une très grande importance, il n’y avait pas à cette époque de canal latéral à la Garonne, ni de Chemin de fer et pas d’avantage d’autoroute et les voies terrestres n’étaient pas suffisamment carrossables pour absorber tout le trafic commercial qui se développait entre la Méditerranée et l’océan , la Garonne offrait un moyen naturel idéal pour l’écoulement du trafic; il en reste des traces dans la dénomination des lieux situés dans les abords immédiats.
Le Magasin : dénomination suffisamment évocatrice ayant un rapport direct avec le port de Verdun S. Gne.
Les Pouffets : Dont la traduction occitane peut évoquer un sentiment d’épuisement à la suite de longue chevauchée afin de parvenir au port où aussi évocation d’un lieu mettant précipitamment à l’abri des marchandises menacées par les crues du fleuve extrêmement capricieux; les Pouffets étant un lieu situé sur un tertre peu accessible des fantaisies de la Rivière Verdune ce qui a permis la concentration d’un petit hameau positionné hors-d’eau .
Luché : traduction francisée du langage ancestral occitan de « lou chai », « le Chai  » , réserve où remise de fûts de vin pouvant êtres en partance vers une destination fluviale et provenant du Frontonnais ou du Gaillacois .
Ténéria : Terme pouvant provenir d’un sentiment de réussite, d’arrivée à destination où de sauvegarde, de mise hors d’eau, de mise en réserve de tenir à l’écart provisoirement.
Cassessole : Expression suffisamment significative évoquant l’activité faite au fléau lors des dépiquages des céréales .
La Motte ou La Mothe : on trouve les deux orthographes au cours de l’histoire, fait référence au tumulus préhistorique..
La Boulbène : localise bien le lieu des cultures.
Monsagnas : Est lui aussi un terme suffisamment expressif qui situe bien le lieu de la tuerie qui eut lieu lors des affrontements entre Catholiques et Protestants pendant le siège de Montauban en 1628 .
Que le lecteur ne s’y méprenne pas, je ne donne là qu’une image de mes modestes connaissances, d’autres plus futés, plus expérimentés et mieux documentés peuvent fournir des traduction différentes mais, étant un enfant du pays et parlant la langue de mes ancêtres Je ne dois pas être bien éloigné d’une traduction littérale .

Les Paléontologues font parler les fossiles et les pierres pour raconter l’histoire. Les Historiens analysent, entre autres, les expressions ancestrales pour étayer leurs hypothèses.

La permanence d’un lieu privilégié concernant Dieupentale dans l’histoire est incontestable :
Déjà, au temps de la préhistoire les peuplades avaient établi leur lieu de séjour sur le plateau aux abords de la Garonne, cours d’eau très poissonneux, l’environnement était très boisé ou la faune fournissait un abondant réservoir de gibier et de nourriture, la forêt s’étendait du confluent du Tarn avec la Garonne jusqu’aux environs de Toulouse, il nous reste encore de petites étendues forestières protégées telles que la forêt de Montech et la forêt de Bouconne .
Les Romains de Domitius Oernobardus avaient arrêté leur progression aux rives de la Garonne car il y avait là un lieu suffisamment attractif pour le commerce sans être obligé de poursuivre des conquêtes moins profitables .
Les visigoths y installèrent leur campement en y laissant l’origine du nom .
Lors de la Guerre de Cent ans , les anglais et les Rois de France se sont disputé pendant toute la durée des hostilités cet emplacement stratégique.
Actuellement, en ce qui concerne la situation administrative de Dieupentale, c’est en 1790 que l’assemblée Nationale créa les nouvelles divisions territoriales et Dieupentale fut rattaché à l’arrondissement de Castelsarrasin qui appartenait au département de la Haute-Garonne.
A l’occasion de son passage à Montauban Napoléon I er, venant d’Espagne à la tête de la Grande Armée, ayant pris acte des doléances qui lui ont été faites par les notables de cette ville, prit la décision de modifier les nouvelles divisions territoriales de la France ; c’est pourquoi le 2 Novembre 1808, un Senatus consuls enleva :
l’arrondissement de Montauban au département du Lot.
l’arrondissement de Castelsarrasin au département de la Haute Garonne.
les cantons d’Auvillar, de Montaîgu du Quercy et de Valence d’Agen au département du Lot et Garonne.
le canton de Lavit de Lomagne au département de Gers.
le canton de Saint-Antonin au département de l’Aveyron.

Et il composa ainsi, le département de Tarn et Garonne qui se trouve formé d’une partie des provinces : du Quercy , du Rouergue , de l’Agenois et de l’armagnac.
C’est donc depuis cette date que Dieupentale est sous l’autorité administrative de Montauban.
Les divisions administratives actuelles n’ont rien de commun avec celles du passé qui étaient basées, pour une grande part, sur les localisations Religieuses et Paroissiales.
Dieupentale étendait son territoire de Villelongue à Lapeyrière et de l’ilou à Cotidianne rive gauche de la Garonne, les habitants de ces derniers lieux sont encore, de nos jours, des paroissiens de l’église Saint-Pierre de Dieupentale qui fut agrandie en 1873 de deux chapelles latérales pour recevoir prés de 800 fidèles.
La multitude de tractations, d’échanges où de négociations diverses jusqu’à la révolution prouve l’intérêt que portaient les acteurs à ce site privilégié.
Ce n’est pas non plus par hasard que la Compagnie Ferroviaire du Midi a installé une gare à Dieupentale, proche malgré tout de Grisolles de 4 Km seulement, c’est que Dieupentale était indiscutablement en même temps que la gare de Verdun , celle qui desservait toute la Lomagne et la Gascogne.
La construction du Canal Latéral à la Garonne a pour les mêmes raisons aménagé le port de Dieupentale.

X.La bataille de Dieupentale

Dans leur notice généalogique publiée en 1923, Géraud et Jacques de Laparre de Saint-Sernin font état de renseignements recueillis dans l’histoire de l’Europe de Montaigne, dans les mémoires de François de Rochemonteix et dans l’histoire de Montauban de Lebret, relatifs aux affrontements dont la région Montalbanaise a été le théâtre lors des guerres de religion.
Il est notamment question d’une bataille sanglante qui opposa à Dieupentale en 1628, Catholiques et Protestants .
Vers le milieu du seizième siècle les religionaires s’étendent dans le pays, y semant la terreur et en 1568 « Les Cathalens » (Escatalens) tombe en leur pouvoir. Escatalens était alors une ville fortifiée de plus de 1.000 habitants et formait un bastion en tampon entre Moissac, Montauban et Toulouse. Cette brusque extension du mouvement de 1568 a son importance car, sous l’effet de la crainte, des Toulousains « se Croisent » on dira aussi « se liguent » et là semble être l’origine de cette vaste union qui allait guerroyer prés d’un demi siècle pour le malheur de la France.
En 1595 le Duc de Joyeuse doit abandonner son projet d’attaquer Castelsarrasin mais laisse cependant une garnison pour couvrir sa retraite et cette garnison occupe « les Cathalens ».
C’est la un des derniers actes de la lutte entreprise par la Ligue et grâce au libéralisme d’Henri IV, le calme se rétablit bientôt.
Cependant, les passions n’étaient qu’endormies et leur réveil, pour être moins violent qu’au seizième siècle n’en est pas moins terrible; Richelieu lutte alors contre les Protestants et ceux-ci se défendent dans deux centres : la Rochelle et Montauban.
La lutte autour de Montauban se fait particulièrement sentir chez nous, c’est en effet, pendant l’été 1628 que le Duc d’Epernon, à la tète de 3.500 hommes de troupes royales , occupe le pays de Bas-Montauban, sa gendarmerie est à Castelsarrasin, Montech et Saint -Porquier mais la peste sévit et Epernon qui la craint, n’active pas les opérations.
Le Gouverneur de Montauban « Saint-Michel » profite de cette inaction pour harceler son adversaire et un jour d’été 1628 la plus grosse embuscade eut lieu dans les vignobles de Dieupentale; le fanatisme d’alors avait une intensité telle que l’ampleur de cette bataille a atteint le paroxysme de la fureur et de l’horreur, quatre à cinq cents morts sans compter les blesses.
Dieupentale a terriblement souffert de cet affrontement et il est probable que l’église de la motte et peut être même le Château ont été détruits à ce moment là.
Dans d’autres textes on parle de la bataille de Lapeyriere , en fait toute la contrée fut le théâtre de cette horreur.

XI.L’Eglise de Dieupentale

L’Eglise de Dieupentale « Eglise du château « , dédiée à Saint Pierre, dépendit longtemps de l’Abbaye de Mas-Grenier, elle passa ensuite au chapitre collégial de Saint-Etienne du Tescou, mais au XVIII ème siècle le grand prieur de Toulouse de l’Ordre de Malte y possédait aussi des droits.
D’origine Romane, bâtie sur les ruines d’un temple gallo-romain, elle remonte à la fin du XII ème siècle mais il ne subsiste de cette époque que l’abside à pans coupés assez étroite, voûtée en cul-de-four et faite d’un appareil alterné de brique et de pierre; cette abside est divisée en deux étages par une corniche sous laquelle court un rinceau.
L’étage supérieur est éclairé par cinq fenêtres ouvertes dans des arcades de plein cintre qui sont encadrées de deux colonnettes et d’une archivolte ornée de tètes de clous.
Les chapiteaux de ces cinq baies sont ornés, soit de motifs végétaux, soit de sujets animaliers : aigles ou chien affrontés.
L’abside est masquée en partie par les bâtiments du presbytère, on distingue cependant les contreforts à colonnes et la corniche à modillons qui court sous le toit.
La Nef et la travée droite du coeur sont une construction du XVII ème siècle qui a reçu en 1 873 une fausse voûte en berceau et deux chapelles qui ont été ajoutées à celle qui existait déjà pour former avec elle des bas-côtés destinés à agrandir l’église, jugées alors trop petite pour une population de près de 800 habitants.
Le portail a été refait au XIX ème siècle dans le style Néo-Roman.
La façade est surmontée d’un Clocher-Mur de cinq arcades dont deux ont été murées; il est , comme la Nef, une oeuvre du XVII ème siècle.
On peut voir dans l’église un chapiteau déposé, du XIV ème siècle, dont on ignore la provenance, il est orné de sirènes coiffées d’un bonnet aigu .
En 1998, à l’aide d’une souscription ainsi qu’une part contributive de la Mairie, des travaux de rénovation intérieure, qui donne à l’édifice un accueil agréable aux fidèles , ont été effectués .
A noter que l’église de Dieupentale possède un petit orgue récemment restauré.
Les soeurs de l’ange-Gardien tinrent a Dieupentale une école libre de filles.

XII.La Maison de Laparre de Saint-Sernin

C’est en 1755 que Pierre de Laparre Prêtre et Docteur en Théologie ayant obtenu la Cure de Dieupentale, vint s’y installer.
Une certaine mésintelligence étant née des son arrivée entre lui et le Baron de Bouloc, Seigneur du lieu, Pierre de Laparre décida de se soustraire à la domination du dit Seigneur en allant habiter en dehors des limites de la juridiction.
C’est à cette fin qu’il acheta un terrain sur la paroisse de Verdun s/Gne et s’y fit construire une maison.
La limite de Dieupentale était alors le chemin le long duquel l’abbé de Laparre y fit aménager son habitation.
Ce n’est que récemment que cette limite a été rapprochée de Verdun s/Gne ; Pierre de Laparre y appela son frère Jean-François Julien de Laparre de Saint Sernin qui venant d’épouser Marie de Vinssac dont la famille habitait une partie de l’année a Verdun s/Gne desirait ne pas s’éloigner de cette dernière ville.
L’installation de Jean-François Julien à Dieupentale eut lieu en 1759, puisque c’est le 9 Mai de cette même année qu’y naquit Geraud-Francois son fils.
C’est depuis cette époque que cette maison est devenue la maison familiale où les générations se succèdent menant une vie simple et honnête.
C’est une maison basse en briques construite sur pilotis et dont le style qui rappelle celui des ville Italiennes du XVII ème siècle, est simple et sans prétentions.

XIII.Considérations et Motivations

C’est volontairement que j’ai limité mes recherches aux périodes les plus anciennes de l’histoire de Dieupentale.
Tous ceux qui ont eu l’occasion d’aborder un travail de ce genre savent à quel point il convient d’être modeste, car nul ne saurait prétendre à découvrir d’une manière exhaustive tout le passé, chargé de tant d’incertitudes et de mystère.
C’est donc en toute connaissance de cause que j’ai choisi d’étudier la période la plus lointaine de l’histoire de notre terroir ; c’est à n’en pas douter celle qui éveille le plus de curiosité de nos concitoyens.
Pour tout ce qui touche aux périodes les plus proches ou quasi-contemporaines, les nombreuses archives que l’on peut consulter tant au niveau communal que départemental, doivent permettre de reconstruire plus aisément et d’une manière plus précise et plus complète, l’histoire récente de Dieupentale.
Telle n’a pas été mon ambition :
Mais j’en mesure pleinement l’importance, conscient de la richesse en informations de toutes sortes que recèlent les phases les plus proches de notre passé.
En particulier, un seul regard sur le monument aux morts de notre Commune révèle d’une manière éloquente les lourds sacrifices consentis par ses habitants sur tous les théâtres d’opérations où la France a dû combattre lors des grands affrontements qui ont récemment marqué son histoire, en Europe en Indochine ou en Algérie
De nos jours, tout change, tout évolue, le port de Verdun S/Gne n’existe plus, le port de Dieupentale , sur le canal latéral à la Garonne, ne reçoit que très rarement des bateaux de plaisance, la gare des marchandises n’a plus d’activité, seul le trafic des voyageurs est maintenu et il n’y a plus de chef de gare.
Mais si Dieupentale a perdu petit à petit de son importance face au progrès, on constate néanmoins que le monstre urbain du complexe Midi-Pyrénées envahit notre territoire et lui donne un regain d’activité, la population augmente régulièrement et notre école reçoit de plus en plus d’enfants, notre territoire est traversé par de grands axes routiers et ferroviaires et est à proximité de l’échangeur des autoroutes du sud.
Tous ces éléments contribuent à la vie et assurent l’avenir de Dieupentale .

XIV.En guise de Conclusion

II m’est agréable d’exprimer mes sentiments de reconnaissance aux personnes qui m’ont aidé, qui ont collaboré bénévolement à cette esquisse d’une histoire de notre village.
Tous les éléments de cette histoire sont authentiques, puisés non seulement dans des ouvrages et des publications officielles, mais aussi dans des manuscrits originels, parfois en lambeaux, qui dévoilent eux aussi leur part de vérité historique.
En prenant connaissance de cet essai sur l’histoire de Dieupentale d’aucuns demeureront sur leur faim devant tant de lacunes subsistantes et d’hypothèses non confirmées.
Mais c’est le propre de l’histoire que de garder une part de mystère libre aux uns de rêver, au-delà des faits reconnus, aux autres d’aller plus avant dans la recherche des données objectives qui restent à découvrir.
L’histoire n’appelle pas de conclusion; elle s’inscrit dans la marche du temps.
Chacun des habitants de notre Commune a posé le pied dans l’histoire de Dieupentale.
Il est, d’une manière inconsciente ou délibérée, partie prenante.
Dans un siècle ou l’évolution explosive du progrès sous toutes ses formes ne doit pas faire oublier le bon sens qui prend racine dans le terroir, chacun doit avoir à coeur de faire vivre Dieupentale, d’améliorer son cadre de vie de maintenir et créer l’entente qui forge l’âme de notre Commune.

Raymond Dumons
Maire-Adjoint honoraire
Dieupentale, le 16 Février 1999

XV.Sources de renseignements Bibliographiques

-Préhistoire de Midi-Pyrénées (Direction Régionale des Antiquités Préhistoriques de Midi-Pyrénées 1982)
-Préhistoire de Midi-Pyrénées (Edition du CNRS de 1976).

  • Géographie illustrée de la France (Jules Verne Théophile Lavalliée, M.Durbail prof.adj. à l’école de St-Cyr)
  • La France de la Préhistoire (jean Paul Démoule Librairie Nathan édition 1990)
  • Dictionnaire Larousse des communes
  • Dictionnaire Larousse illustré.
  • Dictionnaire des Paroisses du Diocèse de Montauban (chanoine Pierre Gayne)
  • Histoire de Montauban (par l’Abbé Marcelin 1941 page 28)
  • Histoire du Languedoc (Tome II)
  • Castelsarrasin  » Légendes et Réalités du XIII° siècle » (Jean Boutonnet)
  • Encyclopédie Autodidactique Quillet.
  • L’origine de l’homme (Yves Coppens).
  • Revue Science et Vie (1.2578-971)
  • Bulletin de la société archéologique de Tarn et Garonne.
  • Aimable autorisation de consulter l’Histoire et la Généalogie de la Famille de Laparre de Saint Sernin source de documentation précieuse.
  • Système légal des poids et mesures comparé aux anciennes mesures
    (Gabriel Rucr Inspecteur de l’instruction Primaire) .

  1. Magnifique souvenirs dans ce village !!!