Les témoins de l’histoire ou le devoir de mémoire

1939 / 1945 Cinq ans de Tragédie et de Malheur

LES TEMOINS DE L’HISTOIRE OU LE DEVOIR DE MEMOIRE


1939, J’ai à peine 16 ans et n’ai encore pas conscience du drame qui va se jouer et qui va changer la face du monde.
Plus jeune fils des quatre enfants d’un modeste artisan, je suis destiné à prendre la succession de mon Père dans l’entreprise familiale.

  • Titulaire du certificat d’études Primaires et de trois années d’enseignement secondaire et d’études complémentaires du premier cycle.
  • Elève de l’école de l’union de Compagnonnage des métiers dans les sections technique Bois, Fer, Electricité et dessin Industriel.
  • Membre de la section d’Aviation Populaire où j’ai trouvé un esprit d’équipe exemplaire avec les joies et les contraintes procurées par les devoirs et les risques ainsi que les responsabilités inhérentes à cette activité.
    C’est donc dans cette ambiance semi-juvénile que j’ai assisté au drame National qui a plongé notre Pays dans la misère, dans l’horreur et le malheur.
    Nous sommes à Montauban, chef lieu du département de Tarn et Garonne.

LA DECLARATION DE LA GUERRE
Les meurtrissures laissées par la guerre de 1914/1918 sont profondes et ont fait redoubler de méfiance nos dirigeants Nationaux.
Dès 1922,le ministre de la guerre, Monsieur André Maginot, soupçonne une politique de revanche de nos voisins d’outre Rhin et plaide pour une défense efficace
De 1929 à 1932, revenu au Ministère de la guerre,. En 1930, le 4 janvier, il fait voter la réalisation d’un mur ininterrompu et fortifié, dont la construction, sur la frontière avec l’Allemagne a commencé en 1931, cette forteresse interdit aux armées de l’époque les plus sophistiquées de pénétrer sur notre sol.
L’Allemagne ne peut supporter la défaite de 1918 et entretien une politique de revanche et de domination. Elle réarme à outrance en excitant ses populations par une politique raciste, xénophobe et antisémite, la jeunesse est fanatisée au point d’en devenir aveugle et inconsciente.
Déjà en 1935, le référendum organisé le13 janvier 1935 en Sarre plébiscitant le rattachement de ce territoire en Allemagne lui donne les coudées franches et active son pouvoir de domination.
En 1938, la France et ses Alliés laissent l’Allemagne annexer l’Autriche, le pays des Sudètes et une partie de la Tchécoslovaquie.
En 1939, la France réagit avec l’Angleterre lorsque l’Allemagne pénètre en Pologne, c’est la déclaration de la guerre au Reich le 3 septembre 1939.

LA MOBILISATION
Les cloches de toutes les églises se mettent à sonner, les sirènes hurlent à tue tête.
c’est l’alarme générale, toutes les entreprises, tous les corps de métier, Tout absolument Tout s’arrête, c’est la consternation et la prise de conscience de chacun de la triste réalité des choses ne sachant pas encore à quelle horreur on va être confronté.
En peu de jours tout est complètement désorganisé dans la vie civile, les hommes sont appelés sous les drapeaux, les affiches de mobilisation générale sont placardées sur les édifices publics. Des attroupements se font devant cette information stupéfiante elle est commentée par des initiés.
J’avais obtenu un emploi dans une petite entreprise en liaison avec l’école de l’union de Compagnonnage, le Patron, appelé sous les drapeaux, nous informe qu’il ferme son atelier, la moitié des ouvriers étaient déjà absents, c’est à regret que je rentre à la maison où je trouve mes parents en prise à d’énormes problèmes.

  • Le véhicule qui sert à l’entreprise de mon Père est réquisitionné et doit être amené aux autorités en parfait état de marche.Les chantiers auxquels mon Père étaient engagé sont stoppés.
    Pour me rendre utile et occuper mon temps, je vends des journaux, des boissons et des sandwichs sur le quai de la gare.J’ai été témoin, pendant cette période, de scènes bouleversantes qui martyrisaient les cœurs. Les femmes, les mères, les enfants venaient accompagner le Mari, le Fils ou le Père qui était mobilisé et partait rejoindre son unité, c’était une séparation démoralisante pleine de cris de douleurs lorsque le train démarrait.
    C’était l’effondrement total qui laissait sur le quai des familles complètement désorientées dans la peine et l’incertitude.
    En peu de temps, la vie prend une autre tournure, les événements transforment complètement le courant des choses.
    Il fallait vivre et subvenir aux besoins du foyer.
    Nous avons assisté à un sursaut et une prise de conscience de toute la population restée à l’arrière du front et des hostilités. Les femmes ont été héroïques, elles se sont lancées dans la direction des affaires, pris le volant des voitures, des camions, des autobus et ont fait preuve d’un courage qu’il serait indécent d’ignorer. Les enfants ont pris part à la vie dans tous les domaines où ils pouvaient se rendre utile ; ici, un jeune boulanger faisait du pain avec sa mère, là, c’était un enfant qui servait les clients, dans bien d’autres activités les personnes âgées se sont remise au travail.
    Pour faire face aux difficultés du moment, la loi autorisait de passer le permis de conduire dés l’âge de 16 ans en temps de guerre.
    J’avais trouvé un emploi dans un magasin de pièce détaché de voiture qui manquait de main d’œuvre car il fallait remettre en état des véhicules qui n’avaient pas été réquisitionnés. Le patron, complaisant, m’avait donné des leçons de conduite sur un de ses véhicules et cela m’a permis d’avoir mon permis à 17 ans, j’ai ainsi pu apporter un autre concours à mon patron dans les livraisons.
    Parallèlement il m’a été permis d’obtenir mon premier brevet de pilote à la section d’Aviation Populaire.
    Pendant que la vie se réorganisait dans le civil, la mobilisation générale continuait.
    Le Mari de ma Sœur, jeune mariée, vient d’être rappelé dans son unité d’affectation, elle vient se réfugier avec son jeune fils sous le toit paternel, elle se trouve subitement sans ressource et complètement désorientée.
    Tous les jours nous sommes sept à table matin et soir et nous demandons beaucoup à notre généreux jardin et notre basse-cour.
    Mais les événements évoluent et la mobilisation appelle la classe 1920, mon frère aîné est mobilisé à la base 101 de Francazal à Toulouse, mon frère cadet est réquisitionné dans une entreprise d’utilité publique.
    Mon pauvre Père, ancien combattant de la guerre de 1914/1918 où il a perdu deux frères est très handicapé par les gaz toxiques de la bataille de Verdun où, isolé en première ligne et à court de munitions, il a été fait prisonnier ; évadé à deux reprises il a été interné dans un camp de représailles en haute Silésie où il a subit des sévices qui l’ont terriblement éprouvé.
    Evadé une troisième fois, il est repris à proximité de la frontière Suisse quelques jours avant l’Armistice.
    La rage au cœur et avec toute sa foi, il nous a inculqué l’attachement à nos principes de liberté, de loyauté et de respect de la personne humaine au sein de notre Pays et de notre République.

L’AFFRONTEMENT ET LA DEBACLE
C’est dans la vallée de la Meuse que le sort de la France va se jouer.
Cette région est parfaitement bien connue de nos adversaires, elle a été le théâtre d’importantes batailles en 1870 à Sedan, en 1914 à Mouzon, en 1916 à Verdun et en 1918 à saint Michel vers Mézières.
La forteresse formée par la ligne Maginot étant à exclure du fait de son inviolabilité, au printemps de 1940, surarmées et bien entraînées, les armées Allemandes, concentrées dans cette région engagent de violents combats, les valeureux soldats de l’armée Française résistent héroïquement, il y a eu des affrontements farouches malgré l’inégalité des forces en présence.
Mais le front a fini par céder et les assaillants se sont engouffrées dans la fameuse brèche de Sedan tristement renommée et impossible à colmater.
La progression rapide d’une armée motorisée à outrance a fait deux millions de prisonniers et provoqué un exode sans précédant.
Prés de 7 à 8 millions de réfugiés sur les routes, une véritable débâcle, autos, voitures hippomobiles, chars à bras, bicyclettes où à pieds, tous les moyens étaient mis en œuvre pour fuir l’envahisseur et venir se réfugier dans notre région du sud ; femmes, vieillards, enfants ont enduré des épreuves d’une atrocité inhumaine et inqualifiable avec la fatigue, le sommeil, le manque d’hygiène, les intempéries et le froid mais aussi la faim et l’inconnu pour la plupart.
Notre département de Tarn et Garonne est déjà surpeuplé de réfugiés espagnols, d’Israélites et antifascistes de différents pays d’Europe menacés où sous le joug de l’Allemagne, et toute cette cohue vient se réfugier partout où elle peut encore trouver un accueil.
Montauban et ses environs semblent être un point de rassemblement de diverses administrations, bon nombre de services d’état sont déjà arrivé et occupent tous les immeubles publics. L’Etat-major du Général Weygand occupe les lycées de Montauban, l’Institut Géographique National est à l’école Yougoslave, le Laboratoire Central d’Armement du ministère de la défense est à Caussade.
Les troupes Anglaises ont rejoint leur Pays en catastrophe avec quelques éléments de l’armé Française, des civils, des personnes politiques, des élus de l’Etat et autres personnes éminentes. Le monde fuyait l’envahisseur.

L’ARMISTICE
Devant ce désastre, le président Albert Lebrun accepte la démission de Paul Reynaud et compte tenu du passé glorieux de maréchal Pétain, le nomme à sa place le16 juin 1940 dans la soirée. Ce dernier demande le 17 l’Armistice qui sera signé à Rethondes le 22 avec l’Allemagne et le 24 avec l’Italie, laquelle, tenez-vous bien, avait déclaré la guerre à la France et à la Grande Bretagne le 10 mai 1940 au moment de l’offensive Allemande en Belgique et en hollande : il entre en vigueur le 25 juin le 10 juillet au casino de Vichy, il fait voter l’article unique de projet de loi constitutionnel étranglant et envoyant aux enfers la République
Le 18 juin, le Général de Gaulle invite de Londres, les Français à la résistance car la France n’a pas perdu la guerre mais seulement une bataille, un important capital militaire est en Afrique et échappe au contrôle des Allemands et de Pétain.
L’Armistice signé par Pétain alors que des unités militaires se battaient encore et ont continué à se battre pendant plusieurs jours, témoigne de l’avidité de pouvoir insoupçonné de ce traître de la République de 84 ans qui n’a pas hésité à sacrifier des vies humaines pour assouvir ses ambitions.
Des appelés du contingent qui rejoignaient leur corps d’affectation ont été parqués et enfermés dans des camps de l’armé en attendant l’arrivée des troupes Allemandes auxquelles ils ont été livrés, encore sans uniforme et n’ayant pas combattu, ils ont été déportés en captivité pendant cinq ans eux aussi.
Le premier acte de Pétain a été une ignoble trahison.
Des milliers de morts ont endeuillé notre Patrie

LA HAINE ET L’HUMILIATION D’UN PEUPLE
L’Armistice conclu par Pétain est une inqualifiable ignominie, avilissant un peuple vaincu par la barbarie et le désir de domination.
Dès la signature de la capitulation, la France est partagée et disséquée comme une proie,

  • L’Alsace et la Lorraine sont annexées purement et simplement par l’Allemagne.
  • La région Nord / Pas-de-Calais est rattachée à l’administration Allemande de Belgique.
  • Toute la région Alpine, de la Suisse à la Méditerranée est occupée par l’Italie avec le secret espoir de l’annexer définitivement.
  • Une zone dite “Interdite” située tout le long du littoral allant de l’Espagne à la baie de la Somme ainsi que les régions de Sedan, Verdun, Nancy, Epinal, Besançon et de Pontarlier jusqu’à la frontière Suisse est sous le contrôle “Ex Cathedra” des autorités Allemandes militaires.
  • Une zone dite “ Occupée “ coupant le reste de la France en deux de Biarritz à Bourg-en-Bresse en passant par Poitiers et Châteauroux est sous contrôle des autorités allemandes administratives.
  • Le reste de la France, au sud de cette ligne de démarcation, sévèrement contrôlée est dit “ zone libre “. C’est le domaine de Pétain et ses acolytes charognards qui se délectent des restes de lambeaux de la proie du rapace Hitlérien.
    Parmi les tristes comparses du despote de Vichy, les Barthélemy, Belin, Pucheu et Bonnard, tour à tour, dans des discours et allocutions apologiques et sans vergogne se complaisaient en faisant le jeu du pouvoir fantoche et d’Hitler. mais les Henriot et Doriot se surpassèrent par leur comportement ignoble et inhumain rempli de félonie au service du pouvoir de Vichy et de la Gestapo.
    Pierre Laval, vice-président du conseil en 1940, devient chef du gouvernement de Vichy en 1942 et conduit la politique de collaboration avec l’Allemagne.
    L’Amiral François Darlan qui commandait la flotte Française de 1936 à 1940 devient le collaborateur et le successeur désigné de Pétain, lors du débarquement des alliés le 11 novembre 1942 il prit le pouvoir en Afrique mais il fut assassiné à Alger.le 24 décembre suivant

LA PRISE DE CONSCIENCE ET LE SENS DU DEVOIR
Dés l’Armistice signé le 17 juin 1940, tout change, le pouvoir de Pétain et les exigences Allemandes se font vite sentir.
Le 8 juillet 1940, c’est la démobilisation, tous les soldats qui sont en zone dite libre sont renvoyés dans leur foyer et c’est ainsi que mon beau-frère est revenu chez lui avec ma sœur et mon neveu et va reprendre son travail à la mairie de Toulouse.
Il est créé, en remplacement du service militaire, une sorte de service obligatoire qui regroupe dans des camps tous les jeunes aptes à servir où ils sont occupés à différents travaux et particulièrement à des coupes de bois ; c’est ce que l’on appelait “ les camps de jeunesse “. En fait ce n’était qu’une sournoise fourberie qui permettait à l’occupant d’avoir la main mise sur les forces vives naissantes du Pays pour les juguler et les exploiter.
Mon frère aîné qui était jeune recrue s’est retrouvé dans un de ces camps dont la durée n’excédait pas neuf mois, revenu à la maison paternelle, il trouve un emploi de magasinier de pièces détachées d’automobile.
L’enseignement que nous avions reçu de notre Père ne favorisait pas une soumission aveugle au pouvoir en place, un autre sang coulait dans nos veines et à la suite de l’appel du Général de Gaulle, autour de la table, c’était tous les jours les réflexions et commentaires sur la situation et l’attitude à avoir en fonction des événements.
C’est ainsi que déjà, dés ces premiers moments, nous avons décidé de mener une action mais, isolés et sans aucun repère, c’était difficile, cependant après avoir récupéré un seau de peinture noire de résistance coriace, en pleine nuit, avec mes deux frères, nous avons tracé au pinceau, en gros caractères, contre le mur du quai situé entre le pont vieux et le pont neuf à Villebourbon, l’inscription suivante

“ VICHY N’EST PAS LA FRANCE “

Le lendemain matin la réaction ne s’est pas faite attendre, c’était une file ininterrompue de gens qui se prêtait sur le trottoir du pont vieux et chacun y allait de son commentaire, certains étaient pour, d’autres étaient contre mais cela a permis de provoquer quelques relations.
Bien sûr cette inscription n’a pas plu aux autorités en place et c’est avec un certain sourire ironique que nous avons assisté en passant discrètement sur le pont, à l’acharnement laborieux avec lequel il a été difficile de faire disparaître cette algarade manuscrite.
Nous avons bien essayé de constituer un groupe de résistance avec quelques camarades sûrs mais nous n’avions aucune relation qui puisse nous permettre d’être efficace.
Cependant, un jour, au gré de ses rencontres, mon frère aîné a été contacté par un mystérieux agent soit disant envoyé par Londres ; une première rencontre a été organisée à notre domicile avec l’accord et en présence de mon Père et de quelques amis de notre quartier et il nous a été présenté pour la première fois un drapeau
Tricolore à croix de Lorraine, symbole du général de Gaulle et de la résistance. Le groupe auquel nous devions appartenir s’appelait “Les chevaliers du coup de balais “ mais hélas, ce fut une première et dernière rencontre ; qu’est-il advenu de notre mystérieux messager ? , Nous l’ignorons encore.
De longues journées, de longs mois nous ont laissé dans l’ignorance et l’incertitude : seul réconfort, la radio de Londres :

« LES FRANCAIS PARLENT AUX FRANCAIS “
« HONNEUR ET PATIE VOICI LA FRANCE LIBRE »

Le bruit pénétrant du son tambour grosse caisse nous signalant l’avis de l’émission nous stimulait Poum-poum-poum-poum —Poum-poum-poum-poum- Tous les jours, pieusement c’était le rendez-vous de toute la famille autour du poste de T.S.F. auquel nous avions aménagé une antenne enroulée sur un cadre en bois que nous avions constitué en guise de radiogoniomètre pour éliminer le brouillage que les Allemands faisaient pour éviter le captage des émissions ; Ce n’était pas parfait mais on s’en accommodait.
En 1941 des manifestations commencent à se faire et des inscriptions sur les murs apparaissent.
En juillet 1942, avec mes deux frères André et Jean, nous avons distribué des tracs dans le quartier de Villebourbon appelant la population à se rebeller et incitant les ouvriers à manifester pour la République.
Même chose en août.
En octobre 1942, faisant parti du personnel navigant des sports aériens, je suis appelé aux “Chantiers de Jeunesse et Montagne” pour effectuer mon service obligatoire. Affecté au centre d’études aéronautique des sports aériens, rue d’Aubusson à Toulouse j’ai pu rentrer fréquemment chez moi à Montauban
Libéré pour raison de santé ayant contracté une pleurésie, j’ai réintégré le foyer de famille.
En novembre 1942, après le débarquement Américain en Afrique du Nord c’est l’invasion de la zone sud par les armées Allemandes. Nous avons porté plusieurs inscription à la peinture rouge sur des bâtiments “V”, le vé de la victoire avec la croix de Lorraine accompagné de distributions de tracs portant atteinte au régime de Vichy. Nous avons également distribué des tracs appelant les Italiens à manifester avec le peuple Français défiant ainsi les collaborateurs, la Milice, et les troupes Allemandes qui viennent d’arriver dans notre Sud-ouest qui ne peut plus être considéré zone dite libre.
En décembre 1942, avec Louis. Olivet alias “Oscar” qui sera plus tard membre de l’état major du secteur Nord-est du Tarn et Garonne des forces Françaises de l’intérieur constituées par l’armée secrète et les autres mouvements armés, nous avons distribué le journal “Combat” relatant l’es lettres de Monseigneur Saliège, de Monseigneur Théas évèque de montauban et la prédication du pasteur d’Auteville-Guibal sur le respect de la personne humaine à l’occasion des persécutions ordonnées par Vichy contre les Juifs.
Au mois de mars 1943 toujours avec mon camarade “Oscar”, nous avons distribué les journaux “ Libérer et Fédérer “ n° 6 et n° 7 donnant consigne à ceux qui partaient en Allemagne au titre du STO contre la relève.
C’est à cette époque que mon frère Jean est convoqué pour partir au S.T.O. en Allemagne.
Il n’est pas question pour lui de se plier à cette injonction et, avec un courage bien déterminé il n’a pas hésité à se mutiler un pied avec de l’eau bouillante.
Reconnu inapte au S.T.O. par le médecin Allemand effectuant des contrôles à domicile, il est affecté au commissariat de police en tant que requis civil où il rendra de très grands services à la résistance…
Mon frère André, jeune marié, est provisoirement exempt du S.T.O. et est requis dans un grand garage au service de la Milice et des troupes d’occupation ; c’était le lieu idéal où nanti de qualités professionnelles, il a pu, avec des pièces défectueuses faire des sabotages aux véhicules qui étaient à la disposition des autorités occupantes.
Cette opération était très dangereuse car la présence du Milicien Espirac Marius, membre de l’action Française et du cadre départemental de la Milice surveillait avec minutie toutes les opérations et qui plus est, ne portait pas à mon frère une bienveillante estime

L’ASSERVICEMENT APRES L’HUMILIAITION
Afin de garantir son pouvoir et de protéger d’éventuelles réactions populaires, le Maréchal Pétain a inventé la plus grande fourberie du siècle en créant la Légion des Combattants.
Tous les anciens combattants de la guerre de 1914/1918 et de 1939/1940 ont été invités pour former la Légion devant servir à la renaissance de la France dans la dignité. Nombreux sont ceux qui se sont fait piéger pour le respect qu’ils portaient au vainqueur de Verdun.
Une propagande de collaboration les a assaillis qui n’était pas du tout de leur goût et la plupart se sont retirés.
Malgré cela, nombreux ont accepté d’adhérer au S.O.L. ( Service d’ordre de la Légion )
Mais, le résultat fut décevant et c’est alors que le gouvernement de vichy a créé la Milice qui, en collaboration avec les troupes d’occupation et en particulier la Gestapo, traquait les opposants au régime et à l’envahisseur. On subissait une véritable dictature qui haïssait le régime démocratique de la III° république.
La Milice était composée de quelques éléments égarés du SOL aux idées obscures et fanatiques auxquels ont été mêlé des repris de justice de droit commun, des voyous, des traîtres à la résistance et des mouchards.
Les fonctionnaires de police et de la gendarmerie sont écœurés des pratiques de cette organisation et beaucoup rejoignent ou protègent les résistants.

LES RESTRICTIONS
Dans cette ambiance de malaise, de soupçons et de tricherie, le poids de l’asservissement est de plus en plus lourd, les restrictions alimentaires et matérielles deviennent insupportables ; qui plus est, chacun est classé dans une catégorie particulière selon son âge son emploi ou sa situation J1, J2, J3, Travailleur de force ou femmes enceintes mais nombreux sont ceux qui trichent et perçoivent à tort des avantages.
Aux restrictions alimentaires s’ajoutent les restrictions matérielles, de vêtements, d’équipement ménager mais aussi de bois (Construction ou chauffage)de charbon, de fer, de ciment de matériel électrique le tout de très mauvaise qualité, tout, absolument tout ne peut être acheté sans bon monnaie matière.
Tickets d’alimentation ou monnaie matière s’utilise ou se négocie, c’est le marcher noir à des prix exorbitants.
Mais le fait d’avoir des tickets d’alimentation où des bons de monnaie matière ne garantissait pas la possibilité d’avoir ce dont on désirait car, lorsque l’on se présentait devant un magasin, le plus souvent il n’était pas ouvert ; les boucheries n’ouvraient que une ou deux fois par semaine et encore ce n’était pas toujours les mêmes qui étaient approvisionnées et lorsque l’on arrivait à savoir laquelle devait ouvrir, c’était des queues interminables car l’information se propageait vite et les prioritaires passaient devant, le plus terrible était que lorsque le commerçant avait épuisé son stock, il fermait son magasin et les pauvres gens avaient attendu pour rien pendant des heures :
De l’argent,, des tickets, du temps perdu et rien à manger c’était révoltant.
Tout poussait à la fraude et au trafic, avec du tabac où des cigarettes ou bien quelques victuailles il était facile d’être servi derrière le comptoir mais on n’avait droit qu’à quatre cigarettes par jour et cela ne donnait que de rares possibilités d’avoir un peu de viande car là aussi, étant donné la rareté du produit, c’était toujours le plus offrant qui était servi.
Ceux qui ont de l’argent s’en sortent, ceux qui n’en ont pas sont obligés de trafiquer ou de crever de faim ; tout cela a favorisé les abattages clandestins et les échanges avec les produits de ferme ( œufs, volailles, pommes de terre etc…) avec des valises, à pieds ou à bicyclette enfin chacun comme il pouvait.
Et dans tout ça, la milice se régalait de coincer les pauvres délinquants et les mouchards se faisaient un plaisir de la renseigner.
Chacun avait droit à une carte de tabac qu’il utilisait où qu’il négocie, Quant à l’essence, il y avait un rationnement professionnel d’une grande injustice, les docteurs se déplaçaient à vélo ou à cyclomoteur. Ce sont les vélos taxi qui assurait les liaisons avec la gare ou le centre ville. Les gazogènes fleurissent partout de conception différente selon l’habileté de bricolage à bois ou à charbon sur les voitures, les autobus ou les camions.
Toutes les astuces sont bonnes pour faire marcher la vie.
Pour les vélos, les pneus plains font leur apparition, d’autres bourrent les pneus avec des bouchons de liège car on ne trouve plus de chambre à air.
Pour les voitures où les véhicules utilitaires, ce sont des emplâtres qu’il fallait mettre pour boucher les trous d’usure des pneus, certains mettaient deux pneus usagés l’un dans l’autre tellement l’usure était grande.
Les chaussures à semelle de bois ont fait leur apparition avec leur cliquetis souvent amorti par un ressemelage fait avec des vieux pneus récupérés, d’autres avaient des semelles articulées mais leur usage était très éphémère.
Les femmes faisaient des jupes avec deux foulards où tout autres tissus de récupération et ont ainsi créé la mode courte plus par nécessité que par coquetterie, elles se peignaient les jambes pour imiter les bas et parfois dessinaient la couture même l’hiver simplement par pudeur beaucoup plus que par fantaisie.
La presse est sévèrement censurée ; les journaux qui paressent n’offrent que des informations favorables au gouvernement et à l’occupant, bien des colonnes laissent des espaces blancs.
Chez le libraire, seuls sont mis à la vente des ouvrages qui flattent ou soutiennent le pouvoir en place.

  • même chose pour les cinémas qui diffusent des actualités truquées et mensongères
    Tout ouvrage tendancieux, contraire au régime est interdit.
    Dans le menu quotidien que l’on offre à la jeunesse on ne parle que de guerre, d’Allemagne ou de collaboration.
    Tous les bals sont interdits.
    Toutes manifestations de détente ou de loisir est sévèrement contrôlé par la politique de collaboration.
    A cette politique d’intoxication écœurante, maladroite et sans finesse la réaction est sans équivoque, c’est la guerre, une guerre morale qui soulève les cœurs et les esprits, qui forge l’armée de l’ombre, les Maquisards
    Tout cela favorise la parution de tracs et de journaux clandestins mais aussi des représailles à la mesure de la fureur diabolique et sanguinaire de la milice.

LA RESISTANCE ET LA LUTTE DU PEUPLE FRANCAIS POUR SA LIBERATION
La France souffre.
La France souffre pour sa liberté.
La France souffre pour sa dignité.
Rien ne peut briser l’éminente dignité de la condition humaine.
Face à cette infâme trahison avilissante, face à cette ignominie et à cette humiliation, face à la haine et au barbarisme, des hommes se sont révolté, ont continué la lutte et ont sauvé l’honneur de la France.

IL Y A CEUX QUI SE COUCHENT ET CEUX QUI RESTENT DEBOUT

La France va puiser au plus profond de ses racines la vigueur qui lui assure sa force de vaincre, la force d’exister au rang des nations libres et souveraines.

En août 1943 c’est notre entrée officielle en résistance, mon frère aîné a réussi à avoir un contact sérieux avec une formation des Forces Françaises de l’intérieur et avec mes deux Frères Jean et André lequel a été nommé chef de groupe de la première section de la troisième compagnie des Corps Francs de la libération de l’armée secrète, nous nous sommes délibérément engagés dans la lutte avec la bénédiction de notre Père et le soutien fébrile de notre Mère.
Notre maison familiale, au 37 de la rue Caussat à Montauban, est mise à la disposition de l’armée secrète par mon Père où le Lieutenant Castro alias”Chevalier“ nous initiait, avec nos camarades de la section, au maniement des armes mises à notre disposition. N’étant pas soumis au STO du fait de mon état de santé, je suis désigné comme agent de liaison étant relativement libre des mes mouvements ( toutes proportions gardées ).
En avril 1943, avec mon camarade “Oscar “ nous avons distribué des tracs dans la nuit de 8 au 9 mai à l’occasion de la venue du Ministre Max. Bonnafous.
Dans la nuit du 28 au 29 août nous avons distribué des tracs à l’occasion du troisième anniversaire de la Légion des Combattants.
De 1943 à début 1944, nous avons assisté à Sapiac, dans la maison Doucet à des réunions d’information et d’initiation d’armes et à l’utilisation de plastic. Nous avons étudié et recherché minutieusement des “Planques “ et points de repli nécessaire aux actions de guérilla, le jour “J “ étant proche à partir duquel nous devions entrer en action.
Tous ces déplacements, toutes ces actions de graffitis ou de distribution de tracs se faisait principalement la nuit malgré le couvre-feu par groupe de deux ou trois dans l’obscurité de l’éclairage diffus camouflé en bleu contre les Raids de la RAF ; Il fallait se méfier de tout et de tout le monde car il y avait des mouchards et des patrouilles et on ne se confiait qu’à des gens sûrs.
Notre organisation s’est faite petit à petit avec des éléments de qualité, des Officiers et des sous-officiers de l’armée, d’active ou de réserve, des Politiciens, des Intellectuels mais aussi de bons camarades sérieux et motivés, le tout bien structuré en liaison permanente avec Londres et nous étions informé de l’évolution des alliées en Afrique et attendions le jour “J” ou nous devions entrer en action
Avril 1944 la division S.S.Das-Reich occupe notre région de Tonneins à Villefranche de Lauragais son cantonnement central est à Caylus et son Etat-major est à Montauban qui est décidément une position stratégique à mi-chemin de l’océan et de la Méditerranée où un important réseau ferroviaire et routier de communications donne un accès direct aux principales villes du Midi-Pyrénées.
Cette division d’élite est destinée à faire face un éventuel débarquement dans les Landes ou le Languedoc mais aussi chasser et éliminer les Maquis faire des représailles sur la population.
Les troupes Allemandes subissent de lourdes pertes sur le front de l’Est en Russie et sont en situation d’échec sur tout le front d’Italie.
Le 8 mai de son quartier général de Southwick House, au sud de l’Angleterre, le Général Eisenhower fixe le jour du débarquement au 5 juin puis, au soir du 4 mai, reporte la date au 6 juin.
Le 13 mai 1944 le corps expéditionnaire Français du Général juin en Italie enlève Castelforté ( Italie centrale ).
Le 15 mai 1944 la première division Française libre du Général Bosset s’empare de San Giorgio ( Italie centrale ).
Le 17 mai 1944 le Général juin est l’initiateur de la chute du Monté Cassino par les troupes alliées.
Le 3 juin 1944 à Alger, le Comité Français de Libération Nationale devient le gouvernement provisoire de la République Française.
Le 6 juin 1944 Nous avons reçu l’ordre de prendre le Maquis, il est grand temps car mon frère André est sérieusement soupçonné de sabotages sur des véhicules de la Milice. Mon frère Jean s’empare de la camionnette du commissariat de police pour rejoindre le maquis, tous deux sont mis hors la loi et une prime est offerte à toute personne devant les livrer morts ou vifs, notre maison est sévèrement surveillée par la Milice.
Le rassemblement de la troisième compagnie a lieu à l’église de Léojac puis à Bonnanech où après attaque des allemands le 20 juin à Cabertat.


Monument rappelant l’accrochage du 20 juin 1944 en hommage aux personnes persécutées

( voir mausolée significatif sur ce lieu ) nous avons dégagé vers les bois de Puygaillard et de Chouastrac puis vers la forêt de Sirven en Grésigne .
Le 3 juillet 1944, nouvel accrochage à Puycelci département du Tarn où nous avons perdu nos camarades Michinel Roger , Podenas Henri et Sirgant Maurice , puis nous avons rejoint la quatrième compagnie à Pech Vert dans le camp de Caylus sous les ordres du Commandant Trapp alias Théophile et du Lieutenant Monfray alias Saïb , là aussi nous avons essuyés des pertes au combat à Caylus le 24 juillet 1944 nos camarades Delrieu Louis , Foltz Léon et Michinel Maurice sont tombés sous les balles des Allemands ,Andrieu Robert. , blessé sous les cadavres des trois autres et passés pour mort a été évacué chez madame Gandil à Lassalle commune de Caylus ( voir monument en plain centre ville rue principale ) . Nous avons eu aussi des blessés qui ont reçu les premiers soins par l’institutrice de Mouillac notre dévouée “Sim”, qui était notre point de contact. Notre champ d’action était localisé dans la région ou a été tourné le fameux film « Le vieux Fusil » retraçant très imparfaitement quelques épisodes sanglants que nous avons vécu.La vérité a été toute autre plaine de sacrifices, d’actions et de privations, j’invite tous les passionés de cette histoire à rendre visite au mausolée en forêt de la Garrigue située entre Saint Antonin et Montricoux à proximité de la commune de Cazals Ils n’auront pas besoin de commentaire à la lecture du mémorial.


Monument rappelant le parachutage et l’accrochage du 21 mars 1944

Les quelques survivants que nous sommes, avons eu la chance de ne pas figurer sur le monument aux morts et pourtant? Combien de risques avons nous pris et combien nous pleurons nos camarades tombés au combat ,nos frères, ce sont des plaies qui ne guérissent jamais.
Dans la nuit du 23 au 24 juillet 1944 la barbarie des sanguinaires nazies nous a imposé le spectacle de l’atrocité dont elle était capable, c’est la stupeur des Montalbanais qui est sans mesure, face au café de l’Europe, devant la Préfecture quatre martyrs sauvagement assassinés étaient pendus à deux acacias cet acte odieux atteignait ainsi le paroxysme de la sauvagerie et de la haine.
une plaque de bronze en ce lieu, rappelle cet évènement et le sacrifice de ces martyrs arrêtés le 17 juillet 1944

Passant, incline toi devant le sacrifice de ces Martyrs : Jouany Henri, Castel André, Huguet André et Mélamède Michel
Ils ont payé de leur vie ta liberté

Sur ordre de l’Etat-major, la section commandée par mon frère André alias Dieudonné fait sauter la ligne de la voie ferrée direction Paris à Borredon.
Le 14 août 1944 je reviens du maquis et suis chargé de mission , j’ai quitté la quatrième compagnie des corps francs de la libération de Pech-vert à Mouillac porteur de messages destiné à l’état major ainsi que des lettres destinées aux familles des camarades restés aux maquis , je dois me rendre à Villebourbon chez Sacareau où la fille Huguette doit prendre le précieux courrier confidentiel , par mal chance je tombe dans une embuscade confrontant la milice et les Allemands avec une formation des FTP TOM , derière l’église Saint Orens je suis pris pour cible, touché à la jambe droite par un projectile j’éprouve des diffiltés dans ma une folle poursuite à travers les rues du quartier de Villebourbon qui m’amène au terrain Hubert où je n’ai eu droit à mon salut qu’à l’accueil et au camouflage de la famille Agussol .mon camarade Louis Olivet ( Oscar) s’est trouvé dans la même situation et a du se camoufler, lui aussi au terrain hubert chez Claude Bories
Le 15 août 1944 les alliés débarquent en Provence et les troupes Allemandes doivent être regroupées sur Toulouse pour aller renforcer la Wehrmacht dans la vallée du Rhône.
les 17 et 18 août une colonne des troupes d’occupation est accrochée tout au long de la route nationale 20 par des formations FFI et notamment par nos 4ème et 7ème Cie CFL à Perches, commune de Montpezat et le 18 août à Saint Julien.commune de Montalzat
Le 19 août la colonne Allemande arrive à Montauban venant de Cahors et est accueillie par des patriotes au rond et avenue de la Gare de Villenouvelle ; Alertés, des renforts venant des maquis (des 3è, 6è et7è compagnies A.S.)ainsi que le groupe TOM et du Corps franc Pommiés “Maquis du Lot” viennent en renfort et après des combats acharnés et meurtriers la colonne Allemande bat en retraite avec des otages.
Le matin du 20 les mêmes forces F.T.P. continuent le harcèlement et après de nouveaux accrochages violents et meurtriers eux aussi, la colonne Allemande entre en Haute Garonne après avoir abandonné les otages puis va se décimer en Ardèche.
Le 19 août Montauban est pratiquement libéré, c’est le soulagement et la prise de contact avec la réalité, deuils, meurtrissures, douleurs se mêlent à la joie et à la liberté, un lourd tribut a été payé mais la guerre n’est pas finie, tout se réorganise rapidement, des poches de résistance de l’armée Allemande sont isolées et bien armées, les combats font rage à Toulon, Montélimar et Marseille, Paris s’est insurgé sur ordre du Comité National de la Résistance et du Comité Parisien de Libération.
Le 25 août 1944 la deuxième D.B. entre dans Paris et obtient la reddition du Général von Choltitz.
Début septembre1944 le bataillon de marche de Tarn et Garonne est formé et notre quatrième compagnie de “Pech vert”est mise sous les ordres du Commandant Cabarroques alias Camille , mes deux frères sont du convoi pour la pointe de Grave quant à moi , je suis affecté au commissariat de police puis attaché aux services de la Subdivision Militaire de Montauban où il m’a été confié la très délicate mission de rapatrier , avec sa veuve , dans sa ville d’origine ( Barbezieux , en Charente ) l’une des dépouilles des martyrs de la place de la Préfecture , je suis ensuite appelé dans une unité combattante et affecté au 504 ème régiment de Chars de combats de la première armée Française ,.sous le commandement du Général de Lattre de Tassigny.

LA GUERRE N’EST PAS FINIE, LA LIBERATION DE LA FRANCE SE POURSUIT
le 4 septembre 1944,libération de Mâcon.
le 8 septembre libération de Besançon par le 6 ème corps d’armé Américain .
“ “ Autin par la première armée Française.
le 11 septembre, Dijon
le 12 “, Le Havre
le 13 “, Jonction de la 1 ère D.B et de la 2 ème D.B. à Langres.
le 15 “, libération de Nancy et Lunéville.
le 1er octobre, Calais est libéré par les Canadiens.
le 14 “, la première armée Française atteint Cornimont ( Vosges).
le 31 “, la 2 ème D.B. s’empare de Baccarat ( Lorraine ).
le 18 novembre, l’armée Américaine entre dans Metz.
le 21 “, la deuxième division d’infanterie Marocaine entre dans Belfort.
le 23 “, la 2 ème D.B. entre dans Strasbourg.
du 3 janvier au 2 février 1945, violente contre attaque et dernier sursaut des Allemands dans les Ardennes
le 31 mars la première armée Française franchit le Rhin ( Gemershein et Spire )
le 14 avril réduction de la poche de Royan par l’armée de l’atlantique.
le 18 avril ; prise de Royan.
le 19 “, prise du Verdon-sur-mer.
le 20 “, la pointe de Grave est dégagée.
le premier mai, libération de l’île d’Oléron.
Le 7 mai 1945, signature à Reims de la reddition inconditionnelle, aux Alliés de toutes les forces Allemandes
le Général de Lattre de Tassigny étant le signataire pour la France[/color].[/color][/color]le 8 mai ratification à Berlin de la capitulation sans condition signée à Reims.
La guerre finie, mon régiment s’est replié dans le département de l’Ain au camp de La Valbonne à proximité de la frontière Suisse, meurtri par les affrontements farouches nos chars d’assaut sont pratiquement inutilisables à part quelques exceptions sérieusement endommagées.
Notre unité est dissoute et je suis affecté à Saumur à L’E.A.A.B.C. (école d’application de l’arme blindée à la cavalerie ) comme instructeur de conduite char.
Marié et père de famille, je suis renvoyé dans mon foyer pour reprendre la vie civile.

LA FRANCE LIBRE
A cette page d’histoire, on ne peut pas dissocier l’action qu’a pris l’armée française libre.
L’armée Française ne s’avoue pas vaincu, ses glorieux Généraux les plus valeureux relèvent le défit.
Par pudeur et pour le respect de leur mémoire et de leurs sacrifices, je ne ferais pas de classement, ce serait indécent, seul compte le courage, la détermination et le don de sa personne à la Patrie.
La citation incomplète qui suit ne respecte qu’un ordre alphabétique et ne relate uniquement que des actions qui ont fait l’histoire.

Général Brosset : Il rejoint Londres dés 1940, sert dans les Forces Françaises libres en Ethiopie, au levant, en Libye et en Tunisie, il combat en Italie puis en Provence et est tué dans un accident dans les Vosges en novembre 1944.

Général Delestraint : le 8 juillet 1940, c’est la démobilisation des troupes Françaises, il quitte le Camp de Caylus dans le Tarn et Garonne en prononçant un vibrant appel de résistance devant ses troupes consternées. Il est nommé chef militaire des armées secrètes en France par le Général de Gaulle, il prend le nom de Général Vidal aux cotés de Max ( Jean Moulin ). Il a convaincu les alliés du sérieux et de la nécessité de créer et d’armer une armée secrète.Le 9 mai 1943, il tombe dans un guet-apens de la Gestapo, déporté à Dachau il est assassiné sur ordre d’Himmler le 19 avril 1945.

Général Giraud ; prisonnier en 1940, il s’évade en 1942 ; il est co-président avec de Gaulle du Comité Français de Libération Nationale jusqu’en 1943.

Général Juin ; commandant en Afrique du Nord, il rallie la France combattante et est mis à la tête du corps expéditionnaire en Italie, il est l’initiateur de la manœuvre qui a fait tomber le Monté Cassino.
Il est nommé chef d’état major de la Défense Nationale.

Général Kœnig ; il rallie la France Libre dés juin 1940, vainqueur de bir-hakeim, il est nommé commandant en chef des Forces Françaises Libres.Il est fait Maréchal de France à titre posthume en 1984.

Général de Larminat; il rallie la France Libre dés 1940, il participe activement au ralliement de l’Afrique Equatoriale Française puis aux campagnes de Syrie et de Tunisie. A la tête du deuxième corps d’armé de Provence ( août 1944 ). Il prend le commandement du front de l’atlantique en octobre 1944 et le conserve jusqu’à la victoire.

Général de Lattre de Tassigny ; Il commande avec succès la quatorzième division de l’infanterie durant la campagne de mai en juin 1940 ; il refuse de se soumettre en novembre 1942 ; arrêté, il s’évade et rejoint la France combattante. A la tête de l’armée B en avril 1944, il conquiert l’île d’Elbe puis mène le débarquement de Provence.Avec la première Armée Française, il libère le Midi de la France puis tout l’Est jusqu’en Alsace ( août 1944 / février 1945 )Signataire pour la France de la capitulation de l’Allemagne .Il est fait Maréchal de France à titre posthume

Général Lecler ( Philippe de Haute Cloque ); il rallie la France Libre dés 1940.
héros de l’épopée qui l’amène de Koufra, en Lydie, à Berchtesgaden. A la tête de la force Libre 1941 / 1943, puis de la deuxième D.B. I943 /1945.Libérateur de Paris et de Strasbourg.Il est fait Maréchal de France à titre posthume

Général Touzet-Duvigier ; spécialiste de l’arme blindée, Commandant la brigade légère mécanique en Tunisie ( 1943 ). Forme et Commande la première D.B. 1943/1944.Débarquement de Provence, libère Saint Etienne, Dijon, Langres et Mulhouse ; il est premier à atteindre le Rhin à Rosenau.
Chef d’état major de l’armée Française ( 1945 /1947 )

CONCLUSION

Bien sûr la France s’est battu et a pris une part active à sa libération, dans tous les domaines, dans toutes ses régions et sur tous les fronts. il y a eu beaucoup d’initiatives et de réactions mais il ne m’est pas possible de témoigner de choses que je n’ai pas vécues ou vu, mon exposé se limite à Montauban et au secteur dans lequel j’ai évolué, c’est là où j’ai vécu les cinq années clé de ma jeunesse, martyrisée et détruite par l’inconsciente et machiavélique avidité de pouvoir, de domination et d’asservissement de la part de monstres possédés de folie et de l’esprit du mal.

Après la libération, j’ai fait comme beaucoup de monde, je me suis mis à vivre avec les problèmes du quotidien, j’ai mené ma vie tant bien que mal mais après plus d’un demi siècle, je vie encore avec mais souvenirs de souffrance morale, physique et de rancœur envers ces possédés du démon et de haine contre toute atteinte à la liberté.
On nous appelait des Clandestins, des Réfractaires, des Résistants ou des Maquisards, mais nous n’étions simplement que des Patriotes avides de liberté avec la fougue de la jeunesse sans souci de carrière et sans arrière pensée.

La résistance n’a pas été un simple épisode dans le dernier conflit Mondial.c’est pourquoi chaque Combattant Volontaire de la Résistance doit sortir de sa mémoire, même défaillante, le témoignage qui donne une âme à l’histoire..

Maintenant octogénaire, je ne suis qu’un modeste citoyen, mais je suis fier d’être Français et d’être un homme libre.

C’est pour ça que l’on s’est battu…

Dans notre jargon de Maquisard, nous avions tous des noms d’emprunt commençant par la première
lettre de notre patronyme.
Mon frère André était Dieudonné
Mon frère Jean était Dimanche
Pour ma part j’étais Dieupentale et : Ironie du sort, c’est dans cette localité du département de
Tarn et Garonne où j’ai été nommé pour remplir mes fonctions administratives et où j’ai donné vingt
quatre ans de ma vie au service des collectivités locales.

C’ETAIT LES FRERES DUMONS
37 Rue Caussat à Montauban Tarn et Gne

Notre soeur josette a sa place dans ce témoignage pour son soutien à notre cause
et acte héroïque de bravoure extrême et spontané.
Cette photo n’est pas un simple document familial,
c’est un symbole de lutte pour la liberté dans sa logique la plus abstraite.
Cette image appartient à l’histoire et ne peut être sous l’emprise d’aucune contrainte restrictive,

Tous trois sont chacun titulaire du Titre de reconnaissance de la République Française pour services
rendus à la Nation pendant la guerre 1939/1945.
Ils ont été reconnus combattant volontaire de la résistance et sont, à ce titre, classée au rang des
anciens combattant.

Raymond Dumons Receveur des Postes honoraire.
Membre permanent de la Fondation de la Résistance.

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17 mai 1981
Symbole d’échange d’amitié et de reconnaissance au dévouement à la cause commune de défense
des droits de l’homme à la liberté entre les pilotes de la Royal Air Force qui ont participé aux
parachutages d’armes aux résistants et l’Union des Combattants Volontaires de la Résistance 82
( R A F – C V R 82 ) de 1940 à 1944.

Ils ont tous risqué leur vie dans des circonstances des plus audacieuses et des plus périlleuses qu’il
est difficile d’imaginer pour retrouver leurs droits de vivre libre en toute dignité.

Pièce à conviction
Détenue chez Monsieur Dumons Raymond Ancien Combattant de la Résistan

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cliquez ici pour entendre le chant des partisants

Le chant des partisants par Jean-Ferra

Symbole d’Union des Combattants Volontaires de la Résistance au congrès U D C V R du
Puy-de-Dôme regroupant toutes les formations des Forces Françaises de l’Intérieur
Pièce à conviction
Détenue chez Monsieur Dumons Raymond Ancien Combattant de la Résistance

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Simplement, ajouter ceci, avec le plus grand respect pour cet humoriste PATRIOTE FRANçAIS

Le 10 mais 1944, Philippe Henriot, éditorialiste au service de la propagande en France (surnommé le Goebbels français) s’en prend de façon frontale à l’humoriste Pierre Dac qui, parmi d’autres artistes, résiste farouchement à l’occupation allemande et aux forces de collaboration française.

Henriot rappelle, en se moquant de lui, les origines juives de Pierre Dac, d’une façon imbue, écoeurante :

« … Dac s’attendrissant sur la France, c’est d’une si énorme cocasserie qu’on voit bien qu’il ne l’a pas fait exprès. Qu’est-ce qu’Isaac, fils de Salomon, peut bien connaître de la France, à part la scène de l’ABC où il s’employait à abêtir un auditoire qui se pâmait à l’écouter ? La France, qu’est-ce que ça peut bien signifier pour lui ?… »

Philippe Henriot cite les noms des parents de Pierre Dac, rappelant par la même occasion que l’artiste s’appelle André Isaac, « fils de Salomon et de Berthe Kahn ».

Dès le lendemain de cette provocation, Pierre Dac outrepasse son profond sentiment de révulsion et lui répond :

« Monsieur Henriot s’obstine ; M. Henriot est buté ; M. Henriot ne veut pas parler des Allemands. Je l’en ai pourtant prié de toutes les façons : par la chanson, par le texte, rien à faire. Je ne me suis attiré qu’une réponse pas du tout aimable – ce qui est bien étonnant – et qui, par surcroît ne satisfait en rien notre curiosité. Pas question des Allemands.

C’est entendu, Monsieur Henriot, en vertu de votre théorie raciale et nationaliste-socialiste, je ne suis pas Français. A défaut de croix gammée et de francisque, j’ai corrompu la France avec l’Os à moëlle.

Je me suis, par la suite, vendu aux Anglais, aux Américains et aux Soviets. Et pendant que j’y étais, et par dessus le marché, je me suis également vendu aux Chinois. C’est absolument d’accord. Il n’empêche que tout ça ne résoud pas la question : la question des Allemands. Nous savons que vous êtes surchargé de travail et que vous ne pouvez vous occuper de tout. Mais tout de même, je suis persuadé que les Français seraient intéressés au plus haut point si, à vos moments perdus, vous preniez la peine de traiter les problèmes suivants dont nous vous donnons la nomenclature, histoire de faciliter votre tâche et de vous rafraîchir la mémoire :

  1. Le problème de la déportation ;
  2. Le problème des prisonniers ;
  3. Le traitement des prisonniers et des déportés ;
  4. Le statut de l’Alsace-Lorraine et l’incorporation des Alsaciens-Lorrains dans l’armée allemande ;
  5. Les réquisitions allemandes et la participation des autorités d’occupation dans l’organisation du marché noir ;
  6. Le fonctionnement de la Gestapo en territoire français et en particulier les méthodes d’interrogatoire ;
  7. Les déclarations du Führer dans Mein Kampf concernant l’anéantissement de la France.

Peut-être me répondrez-vous, Monsieur Henriot, que je m’occupe de ce qui ne me regarde pas, et ce disant, vous serez logique avec vous-même, puisque dans le laïus que vous m’avez consacré, vous vous écriez notamment : « Mais où nous atteignons les cimes du comique, c’est quand notre Dac prend la défense de la France ! La France, qu’est-ce que ça peut bien signifier pour lui ? »

Et bien Monsieur Henriot, sans vouloir engager de vaine polémique, je vais vous dire ce que cela signifie, pour moi, la France.

Laissez-moi vous rappeler, en passant, que mes parents, mes grands-parents, mes arrière-grands-parents et d’autres avant eux sont originaires du pays d’Alsace, dont vous avez peut-être, par hasard, entendu parler : et en particulier de la charmante petite ville de NIEDERBRONN, près de Saveme, dans le Bas-Rhin. C’est un beau pays, l’Alsace, monsieur Henriot, où depuis toujours on sait ce que signifie la France, et aussi ce que signifie l’Allemagne. Des campagnes napoléoniennes en passant par celles de Crimée, d’Algérie, de 1870-1871, de 14_18 jusqu’à ce jour, on a, dans ma famille, monsieur Henriot, lourdement payé l’impôt de la souffrance, des larmes et du sang.

Voilà, monsieur Henriot, ce que cela signifie pour moi, la France. Alors pourquoi ne pas nous dire ce que signifie pour vous, l’Allemagne ?

Un dernier détail puisque vous avez si complaisamment cité les prénoms de mon père et de ma mère, laissez-moi vous signaler que vous en avez oublié un, celui de mon frère. Je vais vous dire où vous pourrez le trouver ; si, d’aventure, vos pas vous conduisent du côté du cimetière Montparnasse, entrez par la porte de la rue Froidevaux ; tournez à gauche dans l’allée et, à la 6ème rangée, arrêtez-vous devant la 8ème ou la 10ème tombe. C’est là que reposent les restes de ce qui fut un beau, brave et joyeux garçon, fauché par les obus allemands, le 08 octobre 1915, aux attaques de Champagne. C’était mon frère.

Sur la simple pierre, sous ses nom, prénom et le numéro de son régiment, on lit cette simple inscription :

« Mort pour la France, à l’âge de 28 ans. »

Voilà, monsieur Henriot, ce que cela signifie pour moi, la France.

Sur votre tombe, si toute fois vous en avez une, il y aura une inscription : elle sera en libellée :

PHILIPPE HENRIOT

Mort pour Hitler,

Fusillé par les Français…


Philippe Henriot sera abattu par la Résistance 45 jours plus tard.

( JE LAISSE LE SOIN AU LECTEUR DE MEDITER.) ( R D )


( Récit de Raymond Dumons Receveur des Postes honoraire. aujourd’hui décédé)


  1. Magnifique souvenirs dans ce village !!!